Gry Bagøien, égérie discrète

Elle est une habituée des featurings avec des DJs à la renommée mondiale. ou encore s’imprègnent de sa voix délicate et vaporeuse pour composer des sons qui résonnent du Danemark jusqu’aux clubs new-yorkais. Elle est une de ces muses venues du froid. Une beauté atypique dans un corps d’adolescente dévergondée, qui vit en marge des mondanités de la sphère électro.

Comment est-ce que vous avez découvert Gry ?

Francis Harris : On s’est rencontré par un copain en commun, Pawel, du label Dial Recording. J’avais fait un remix d’une de ses chansons qu’il avait produite. A l’époque, je commençais à enregistrer mon premier album. Paul Kominek (Pawel) nous a suggéré de travailler ensemble. Je lui ai envoyé des musiques et on a tout de suite accroché.

Christian Löffler : Je ne l’ai jamais rencontré en personne. La première fois que je suis entré en contact avec elle, c’était en 2010.  Je commençais juste à travailler sur des chansons que j’allais sortir à mon nom. Paul Kominek, m’a demandé de faire un remix de sa chanson « All Comes ».

Qu’est-ce qui vous a décidé à travailler avec elle ?

Francis Harris : Il a quelque chose de très intime dans la voix de Gry, qui trouve beaucoup d’écho en moi. Une mélancolie à la fois blues, jazz qui colle parfaitement à l’atmosphère que je recherchais pour mes propres compositions.

Christian Löffler : A cette époque, Paul m’a montré davantage son travail et j’ai tout simplement vu que la vibration de sa voix collait parfaitement à ma musique. C’est cette touche scandinave qui accroche si bien avec mes idées.

C’est quoi, “la touche Gry” ?

Francis Harris : Je n’aurais sans doute pas fait mes albums de la même manière sans elle. Je lui dois beaucoup pour le talent artistique qu’elle a apporté à mon projet. C’est une des compositrices les plus talentueuses et originales que j’ai rencontré, elle m’a donné envie de vraiment m’affranchir des règles et ça a donné de belles choses.

Christian Leffler : Pour prendre un exemple précis, dans la chanson «  », sa voix  « fait » la musique. J’avais en tête l’ébauche de cette mélodie très simple et je lui ai envoyée. Quelques jours après, elle m’a renvoyé une chanson complètement enregistrée et j’ai su tout de suite que c’était ce que je voulais en faire.  Son travail m’inspire beaucoup. Je sais immédiatement où aller quand je l’entends chanter.

Gry m’a dit que la plupart du temps vous n’êtes pas physiquement ensemble quand vous travaillez. Vous lui envoyez un enregistrement, elle pose sa voix dessus et vous le renvoie. Ca suppose beaucoup de confiance j’imagine…

Francis Harris : Gry fait comme partie de ma famille. J’imagine que c’est rare de partager le langage de quelqu’un, qui plus est quand vous n’avez pas la même langue maternelle. Elle me « parle » avant tout grâce à son art. C’est le langage en lequel je crois.

Christian Löffler : Oui, tout à fait, ça demande de la confiance. De toute façon, c’est ma manière de travailler.  Et puis, je travaille mieux quand je suis seul. Le mieux, c’est d’avoir déjà un enregistrement de la voix pour commencer à bosser. On partage le même univers et tout se fait très naturellement, du premier coup.

Est-ce que vous composez différemment une chanson sachant que Gry va travailler dessus ?

Francis Harris : C’est vraiment difficile de répondre à cela. Je crois qu’il y a une place pour elle dans tous mes morceaux et de nombreuses fois, elle a donné vie à mes chansons. L’intentionalité dans l’art est un sujet compliqué car il existe une interaction fascinante entre le hasard et la nécessité qui vaut le coup d’être explorée. Quand on est trop conscient de ce que l’on veut, ça peut entraver ce qui prend naturellement forme dans le processus artistique.

Christian Löffler : Bien sûr, tout dépend des retours qu’elle me fait. C’est elle qui a le dernier mot. Dans l’idéal, je veux que sa voix soit comme un personnage principal et ma musique, un doux accompagnement.

Crédit Photo : Rikke Benborg

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