Musique et jeu vidéo: Donkey Kong, Street Fighter & sac plastique

2080 vit à Lyon, est musicien, fait de la chiptune. Pour les néophytes, il s’agit, d’après Wikipédia, d’un “genre musical caractérisé par des sons synthétisés en temps réel créés par ordinateur ou par la puce audio d’une console de jeu, et non basés sur des échantillons sonores, ou toute autre forme d’enregistrement audio. Le terme de chiptune dérive des mots anglais chip signifiant « puce informatique », et tune signifiant « musique »”. 2080 précise: “Techniquement la musique d’Amiga et Atari et même SNES sont de la chiptune mais utilisent une technologie de samples appelé échantillonnage. D’ailleurs, la Megadrive aussi avait une piste de samples et certains jeux de la NES en avait grâce à des puces spéciales sur les cartouches. C’est vraiment la notion de traitement en temps réel qui est clé”.

Jérémy Peilleron est le producteur de Bien Ouej!, nouvelle émission gaming présentée par Sebastien Abdelhamid. Il a, comme 2080, livré son top 10 personnel, expliqué, des musiques de jeux vidéo. En précisant: “Ce top musical va s’intéresser aux jeux qui ont principalement marqués mon enfance et mon adolescence. Il est principalement composé de titres très connus (et principalement sortis sur consoles Nintendo) et ne brille ni par son originalité, ni par son audace, mais synthétise tout ce que j’apprécie dans les jeux vidéos. Ces dix morceaux ont construit le joueur que je suis”.

Musique et Gaming.

Start.

Captain Blood “Ecran Titre” (version Amstrad)

2080: “C’est pas compliqué, je suis fan de Jean-Michel Jarre depuis que j’ai quatre ans. Quand j’ai vu que la musique de Captain Blood, ce jeu fantastique, était de lui, ça a instantanément créé un lien entre musique et jeu vidéo. C’est probablement le morceau qui m’a mis sur la voie de la chiptune. Comme j’avais un Amstrad à l’époque, c’est cette version là que j’ai retenue et qui reste ma préférée”.

Dr. Wily Stage 1 & 2 dans Mega man 2 par Takashi Tateishi (1988) / NES

Jérémy: “Ce jeu marque mes premiers souvenirs intense de JV. Il a fait de moi un NERD, à vouloir tout connaître des univers que j’appréciais. Ce morceau accompagne le climax du jeu, quand Mega Man, après avoir terrassé les huit Robot Masters, vient dans la forteresse de Wily afin de lui coller une raclée. A ce moment, le joueur est devenu un guerrier armé jusqu’aux dents et ce morceau épique retranscrit totalement cette sensation de puissance”.

Shadow Of The Beast “Inside The Tree” (Amiga)

2080: “J’ai toujours été frappé par l’ambiance étrange de cette BO. C’est un mélange de sentiments épiques et mélancoliques qu’on retrouve assez souvent dans mes morceaux, je pense que ce thème est à l’origine de cette tendance”.

Gradius “Level 1” (Arcade)

2080: “C’est la base, le véritable point de départ de la musique dans le jeu vidéo. La première fois qu’un thème est si complexe, qu’il apporte une ambiance, c’est à partir de Gradius que les concepteurs de jeu vidéo ont vraiment vu l’intérêt d’avoir une musique pour accompagner le joueur. C’est pas un classique, c’est LE classique”.

The Day of Night dans Silent Hill 2 par Akira Yamaoka (2001) / Playstation 2

Jérémy: “Ce morceau est à l’image du jeu et de son OST: fantomatique. L’absence totale de basses, de rythme et ses nappes vaporeuses nous entraînent dans l’univers décharné de Silent Hill, un monde fait de regrets et de culpabilité et dans lequel personne n’aimerait se perdre, malgré la fascination exercée par son envoûtante musique”.

Rockman 2 “Ouverture” (NES)

2080: “Rien qu’en réécoutant cette intro, j’ai des frissons. Pas seulement parce que j’ai passé pas mal de temps sur le jeu, mais aussi parce qu’elle est magnifique musicalement. Une intro très contemplative qui nous prend par la main, une accélération et BIM ! Le thème arrive comme une fusée, on est certain que dès qu’il démarre on sera marqué à vie !”

Street Fighter 2 “Blanka Theme” (SNES)

2080: “C’est la musique que je préfère de toute la BO de SF2 ! C’est le morceau qui passe par le plus d’émotions différentes et qui m’emporte le plus. Quand on pense que la compositrice Shimomura Yōko à été inspirée par un sac plastique qui bougeait dans le vent pour pour démarrer son thème”.

The Secret Of Monkey Island “Main Theme” (PC)

2080: “L’aventure, le mystère, le vaudou… C’est ce qui nous est promis dès les premières secondes de jeu. On a mis nos habits de pirates et on embarque pour l’ile au singe. Magique. En bonus, la version PC speaker (oui le bip horrible quand on n’avait pas d’enceintes), ça pique un peu les oreilles mais pensez à celui qui a du retranscrire le thème avec une seule note à la fois” 

DK Island Swing dans Donkey Kong Country par David Wise, Eveline Ascher and Robin Beanland (1994) / Super NES

Jérémy: “Ce morceau est un exemple d’audace dans la composition de musique de jeux vidéos. D’une rare complexité, on passe d’une atmosphère de jungle à un rythme tribal à la percussion, puis on migre vers un funk bien senti à la basse ultra présente, pour enchaîner en fanfare avec le thème groovy du roi de la jungle, pour terminer dans une ambiance tropicale plus mystérieuse qui appelle à l’exploration… Mais ça ce n’est que le début du jeu… David Wise, le compositeur, a eu l’ambition de donner une couleur distincte à chaque zone de l’île de DK, basée sur ses diverses influences musicales. Un triomphe”.

Turrican 2 “Theme” (Amiga)

2080: “Une des musiques les plus folles et les plus généreuses que je connaisse. Chris Huelsbeck a tout donné pour rendre ce thème aussi épique que possible. On pourrait faire au moins quatre morceaux avec celui là, une folie de sept minutes, incontournable”.

Street Of Rage 2 “Go Straight” (Megadrive)

2080: “Koshiro Yūzō, ce génie nous apporte Chicago dans notre salon avec ses thèmes house. On préfère en général la BO du premier Street Of Rage mais Yūzō nous propose une telle maitrise du chipset son de la Megadrive dans le deuxième opus que ma préférence va à ce dernier. Les musiques de cette série ont largement dépassé le cadre de la chiptune et du jeu vidéo pour influencer un grand nombre de producteurs, dont moi”.

Wood Carving Partita dans Castlevania: Symphony of the night par Michiru Yamane (1997) / Playstation

Jérémy: “Autre monument gothique, la saga Castlevania a toujours brillé par le soin porté à ses musiques. Pour Symphony of the night, la compositrice Michiru Yamane se lâche et propose la bande son la plus folle et ambitieuse de la série. De l’ambient au rock, en passant par les cœurs religieux, le panel est large mais malgré tout d’une incroyable cohérence. Sur ce morceau magnifiquement pompeux, Yamane convoque la grande musique baroque tandis que les notes de clavecin amplifient la noblesse du château de Dracula et donnent toute la prestance nécessaire au grand héros romantique du jeu: Alucard”.

Sonic 3 “Final Boss” (Megadrive)

2080: “Une musique de Sonic, mais quelle musique ! La musique du boss final de Sonic 3 réussit à sublimer le moment, le rendre stressant, homérique… La nappe qui part après le break, on est dans l’élégance, dans le raffinement du genre boss fight”.

Monty On The Run “Theme” (Commodore 64)

2080: “Ce thème me hante régulièrement tant chacune de ses parties m’inspire, je le chantonne, je digresse et un nouveau morceau germe dans ma tête. Une merveille d’utilisation de la puce SID du Commodore 64 qui est décidément mon chip préféré même si je retourne régulièrement à celui de la Megadrive”.

Overworld Theme 2 dans Super Mario Bros 3 par Koji Kondo (1988) / NES

Jérémy: “Ce morceau est un classique absolu et c’est en l’écoutant attentivement que l’on comprend pourquoi. Rythme enlevé, sonorités joyeuses rendent ce morceau absolument irrésistible. Sa composition facétieuse me donne envie de courir en sautant partout… Et d’écraser des méchants champignons dans un univers halluciné. Ce morceau sert tout simplement le gameplay du jeu, tu comprends d’ailleurs les simplissimes règles du jeu en l’écoutant. Ca n’a l’air de rien, mais c’est un vrai tour de force”.

Opening Demo dans The Legend of Zelda: A Link to the Past par Koji Kondo (1991) / Super NES

Jérémy: “Voici une ouverture complexe qui accompagne parfaitement le joueur dans cette grande aventure qu’est ce jeu. Tout d’abord des nappes de synthés solennelles posent une atmosphère de veille légende, puis des cordes stressantes indiquent le danger, voir le drame avant qu’un thème héroïque, sorti de nulle part, s’impose et vienne illuminer le morceau. La bataille du bien contre le mal condensée en quelques minutes d’une rare virtuosité”.

The Color of the Summer Sky dans Secret of Mana par Hiroki Kikuta (1993) / Super NES

Jérémy: “Tout J-RPG classique se doit de commencer dans une ambiance musicale lumineuse et bon enfant avant d’introduire des éléments de menace et que l’aventure ne débute vraiment. Secret of mana ne fait bien sûr pas défaut à cette tradition et Hiroki Kikuta propose un morceau simple et joyeux comme une journée d’été à la campagne, à gambader dans les prés en toute insouciance, sans se douter de l’orage qui arrive”.

Lower Brinstar (Underground Depths) dans Super Metroid par Kenji Yamamoto (1994) / Super NES

Jérémy: “On a souvent comparé l’ambiance de Metroid à celle d’Alien: de la science fiction en totale solitude. Je trouve que cela est encore plus vrai dans la direction musicale . L’OST de Yamamoto est d’une épure incroyable et l’écouter nous plonge dans un univers froid et angoissant, comme dans le film de Ridley Scott. Ce morceau capte à la perfection l’identité de la franchise tout en donnant de la couleur à Zebes, la mystérieuse planète du jeu, colossal souterrain à la fois hostile et magnifique”.

Metropolis of Ruin dans Demon’s Crest par (1994) / Super NES

Jérémy: “Je m’étais promis de mettre dans ce top un morceau de l’une de mes séries fétiches, les Makaimura (les «Ghosts’N’…» en occident), mais j’ai finalement préféré célébrer la musique de Demon’s Crest, série cousine de celle du chevalier Arthur. Ce morceau, comme le jeu qui l’accompagne, est un monument de gothique flamboyant dans le jeux vidéo, à la fois noble et solennel, mais surtout parcouru d’une profonde tristesse, à l’image de son héros déchu, traversant seul les contrées dévastées du royaume des démons”.

Clock Tower dans The Legend of Zelda: Majora’s Mask par Koji Kondo (2000) / Nintendo 64

Jérémy: “Morceau tiré du plus beau jeu de tous les temps selon moi. Ce jeu est un condensé d’émotion et marque l’arrivée de Link à Termina, un univers parallèle voué à la destruction imminente. Cet épisode à part dans la saga dessine une palette infinie d’émotions où se croisent pêle-mêle tristesse, isolation, incompréhension et béatitude, cristallisés dans ce morceau qui me hante depuis longtemps”.

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