L’histoire des est, au commencement, assez banale : quatre parisiens qui s’occupent dans leur coin et finissent par se rendre compte que le studio de répétition, ça suffit. « On s’est dit que ce serait cool de former un groupe, sortir des disques et faire des tournées », lance Thibaut, la tête pensante du groupe, ce qui explique un peu mieux le nom du groupe (). Près de deux ans et toute une tripotée de concerts plus tard, les Travel Check commencent à se débrouiller pas mal en dehors du studio de répétition. Ils en sont à leur troisième EP. Et force est de constater que du tout premier, , au dernier en date sorti le 20 janvier, le son des Travel Check a progressivement évolué. Plus assurée, leur musique a gagné en efficacité et les tonalités psychédéliques des débuts se sont progressivement atténuées au profit d’un garage-rock plus immédiat. C’est finalement Thibaut qui décrit le mieux la chose : « Notre musique c’est du garage chill, quelque chose d’énergique mais à la cool, des mélodies pop, des chœurs, des guitares lo-fi ». Le gars n’hésite pas non plus à citer le BBQ Show de King Khan et les Dead Ghosts parmi les influences majeures de la bande. Et à l’écoute de 66$ (EP en écoute ci-dessous), on ne peut que lui donner raison puisque Travel Check partage avec ces groupes la même approche surf et lo-fi d’un garage qui vise avant tout à faire renverser les Picon-bières des gars du premier rang.
Si les Travel Check écument aujourd’hui les salles de Rennes à Bordeaux, en passant par la Mécanique Ondulatoire à Paris, ils le doivent en partie à une rencontre qui a accéléré les choses pour eux et les a placés parmi les têtes de gondole d’une scène garage de plus en plus florissante. Lors d’un concert organisé par , les Travel Check rencontrent Tom, patron du label (qui héberge également , ou ) et qui est régulièrement à l’origine de plateaux plutôt gratinés dans la capitale. « À la base, on avait juste prévu de faire la première partie du groupe Wildmen pour une soirée Howlin Banana. Et puis le label nous a proposé de sortir un EP ». Les Travel Check sortent ainsi leur second EP, , en mars de l’année dernière, dont les trois titres fleurent bon le surf garage distordu et l’esprit DIY.
De manière plus générale, si aujourd’hui « on sent que les choses bougent » sur la scène garage française, comme le reconnait lui-même Thibault, c’est en partie grâce aux groupes américains qui ont ouvert la voie et suscité davantage d’effervescence autour du genre, mais c’est aussi et surtout grâce au rôle important de toute une série de labels indé qui alignent les excellentes sorties. « C’est sûr, les labels ont un rôle important. Sans eux je ne pense pas que les groupes auraient autant de visibilité. Entre Howlin Banana Records et qui sont en train de sortir pleins de disques et et qui font de bonnes compilations, ça permet de bien développer la scène ».
Portée par le single qui donne son nom à l’EP, cette nouvelle sortie laisse en tout cas présager pas mal de bonnes choses pour les Travel Check. Le titre « 66$ » avait d’ailleurs été accompagné d’un clip plutôt rigolo, mettant en scène un gros malin perdu dans la verdoyante campagne française et renvoyant parfaitement à la musique des Travel Check : joyeusement débile, lo-fi à souhait puisque tourné uniquement en VHS, rappelant l’humour et la spontanéité dont peuvent faire preuve des mecs comme les Black Lips. « Druggy Daddy » et ses chœurs accrocheurs sont quant à eux clairement faits pour déchainer des foules d’hommes à rouflaquettes, tandis que « Surf It » a le potentiel d’un petit tube malgré sa durée de deux petites minutes, à la Dead Ghosts. « Feels Alright » enfin, ralentit le rythme jusqu’à ce final bordélique et qui ne souffrirait pas de la comparaison avec les envolées heavy du Ty Segall Band.