27/10/2013 /
Benjamin Durand
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La période Velvet
Songwriter maudit et mal à l’aise dans les 60’s des hippies, des beatniks et des drogues psychédéliques, Reed drive le Velvet Underground sous la houlette d’Andy Warhol. La suite est sur-connue et rabâchée, si bien qu’une seule vérité demeure : “The Velvet Underground & Nico”, “White Light / White Heat“, “The Velvet Underground“ et “Loaded“ sont quatre chef d’oeuvre indispensables.
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Lou Reed sauvé des eaux par Bowie
Uchronie : sans le Spider en chef, Reed serait mort plus jeune ou aurait eu un destin à la Sugar Man, bien aidé par un film où l’on se serait émus sur le mode : « mais merde, c’était chouette le Velvet Underground ». Autre dommage collatéral de taille, il n’y aurait pas eu « Transformer ». Ça valait bien le coup de venir servir la soupe à Bowie pour ses 50 ans.
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Le complexe Dylanien
Longtemps Lou Reed a méprisé publiquement Bob Dylan. Ils sont nés à un an d’écart et, comme lui, Reed est un petit juif lettré voulant projeter sa vision du monde en version rock’n’roll. Lou a souffert de son aura durant les sixties quand lui n’arrivait à rien. Il en a en sûrement voulu à Dylan de déflorer des directions et des angles dans lesquels lui-même voulait être le précurseur. Lui était maladroit, rejeté, considéré comme un pauvre freak junkie et homosexuel. Dylan a rapidement gravit les échelons, couvert de succès et de reconnaissance. Longtemps après, l’eau a coulé sous les ponts. Dylan se fait célébrer grossièrement par l’industrie en 1992. Clapon, Stevie Wonder et plein de monde viennent faire les Enfoirés avec le saint corpus de Zim. Lou Reed vient régler ses comptes. Il prend en otage le backing band formé par Booker T and The MG’s pour une version impitoyable de l’obscure et bavarde « Foot Of Pride ». La diction de Reed sur les mots de Dylan donne cette version fantastique.
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Lou Reed et les Journalistes
Lou Reed a toujours été la bête noire des rock critics dont il était l’idole. Le célèbre Lester Bangs évoquait l’antipathie du personnage et il a joué des tours mémorables à Philippe Manoeuvre ou Nick Kent (même si la liste est bien plus longue). Illustration ici en période Rock’n’roll Animal / Sally Can’t Dance où, pris comme une bête de foire, Lou rend la pareille, à la bonne franquette.
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Le fuck off ultime : Metal Machine Music (1975)
Bien sûr, il nous a depuis fait le coup de l’album avec Metallica (on en rit encore) mais à l’époque où Lou Reed était à la fois référence et terreur, il nous a gratifié de Metal Machine Music et ses interminables plages de feed-back. À l’époque, c’était considéré comme unaffront à son public et aux journalistes. Aujourd’hui, ça sonne plutôt pas mal, tout compte fait.
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Street Hassle, le punk et Bruce Springsteen (1978)
En 1978 le punk a explosé et Johnny Rotten est devenu plus dangereux que Lou Reed. Lou voit toute sa « cour » de New York le laisse de côté car de nouveaux modèles sont apparus au CBGB et Johnny Thuders ou Richard Hell sont plus destroy que lui. Il sent que son génie doit éclater au grand jour à nouveau, et enregistre dans ce but « Street Hassle » dominé par sa pièce éponyme majestueuse. Un poème épique sur la décadence dans les rues de New York jusqu’à ce que mort s’en suive. Comble de l’ironie, la critique s’est trouvée alors son nouveau poète urbain : Bruce Springsteen. Comme le hasard fait bien les choses, Springsteen galère sur les sessions « Darkness On The Edge Of Town » dans le studio d’à côté. Lou Reed lui dit : « Viens donc lire trois phrases pour mon disque ». Springsteen s’exécute et arrive comme un cheveu sur la soupe. Le dernier vers du boss est savoureux : « Y’know tramps like us, we were born to pay ». Clin d’oeil ironique au springsteenien « Y’know tramps like us, we were born to run ». Evidemment, sur la tournée suivante, Lou dira à son public (moins massif que celui de Bruce), tout le mépris qu’il entretient pour le Boss, ses chansons et combien son génie dépasse le sien.
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Le chef d’oeuvre Transformer
Ce documentaire est un must que toute personne avec ne serait-ce qu’une once d’admiration pour Reed se doit d’avoir vu. Reed a toujours publiquement voulu sous-estimer cet album très marqué par le producteur David Bowie, préférant citer « Berlin » comme son chef d’oeuvre assumé. Ici, en 1999, il prend plaisir à revisiter les masters, décortiquer la production de Bowie et Mick Ronson. Dans l’extrait choisi, Reed isole (à 3:55) l’arrangement-corde de Perfect Day écrit par Ronson pour un moment tendre et ému qui donne la chair de Poule.
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Les lubies Tai Chi
Les dernières années de sa vie, Lou a continué de mépriser le monde, sa légende et les médias, en exposant ses lubies du moment si possible en livrant des versions foireuses de ses classiques. Illustration à la BBC avec Antony sans ses Johnsons et surtout ce Maître Tai Chi, incongru, pesant et génial. Meilleur moment : le grand écart de Maitre Tai Chi à 2:40.