Mauvais goût : les pires pochettes du rap sudiste


19/03/2013 /

Simon Clair

#10
Snoop Dogg – Da Game Is To Be Sold, Not To Be Told (1998)
Suite à son départ de Death Row Records, les menaces de mort adressées par Suge Knight (le patron du label) à Snoop Dogg forcent le MC longiligne à quitter Los Angeles pour émigrer à La Nouvelle Orléans. Grand mal lui en a pris, sa carrière sudiste sera un flop et il ira même jusqu’à accepter des artworks comme celui-là. En prime, le dog se paye même notre tronche avec le titre de ce disque-arnaque. On trouve maintenant ce rap plaqué or à 1 euro en occasion chez Gibert Joseph.
#9
Pastor Troy – Troy (2008)
Si les rappeurs ont toujours eu un goût particulier pour le cinéma et son sens du story-telling, c’est généralement sur des films de flingues façon Scarface, Usual Suspects ou Les Affranchis que les MC braquent leurs projecteurs. Manque de chance, le géorgien Pastor Troy n’a pas saisi le truc. Il s’est dit que vu que son surnom sonnait comme le titre d’un péplum, ce serait sûrement une super idée de filer la métaphore pour en faire une pochette de disque.
#8
Ludacris – Chicken-N-Beer (2003)
Géolocalisé à Atlanta, Ludacris est sans conteste l’une des stars les plus médiatisées du Dirty South. Dans cette ode picturale au Colonel Sanders, il prouve avec une véhémence cannibale et un incontrôlable sens du vulgaire que rappeurs et rednecks ont finalement les mêmes préoccupations vitales : la baise, la biture et le poulet. Surtout le poulet.
#7
Mystikal – Unpredictable (1997)
Avec cette hideuse pochette, Mystikal a sans doute voulu montrer au monde entier qu’il est en réalité un être éminemment complexe. Une étude approfondie laisse croire que le rappeur de Louisiane use de la métaphore du puzzle pour dire que son esprit a viré bombe à fragmentation. Pourtant, malgré ce visuel lourd de clichés, Unpredictable a quand même fini 3ème au Billboard 200.
#6
Lil Milt – The Prophecy (1997)
D’une finesse poids plume, le rappeur de Memphis Lil Milt explique avec la pochette de The Prophecy qu’il est partagé entre le bien et le mal. Il aimerait beaucoup devenir un chic type bedonnant avec un grand sourire mais son petit démon aux huit rangées d’abdos vient sans cesse lui rappeler la dure réalité du ghetto. En plus, sa boule de cristal ne lui dit pas grand chose sur l’avenir si ce n’est qu’il sera urbain. Ça a l’air de beaucoup l’attrister.
#5
OJ Da juiceman – Bouldercrest Working (2008)
Lil Wayne avait le sizzurp, Jay-Z le champagne Cristal et Snoop Dogg le cognac. Mais là où l’on ne comprend plus, c’est pourquoi OJ Da Juiceman, rappeur d’Atlanta et membre des redoutables 1017 Brick Squad, a choisi de construire son identité hip-hop autour du jus d’orange. Qu’il y ait sûrement de l’argot de dealer là-dessous, on peut comprendre, mais sa street credibility avait-elle vraiment besoin de ces poses avec des briques de Tropicana ?
#4
Master P – Ghetto D (1997)
Originellement appelé Ghetto Dope, le titre de ce sixième album de Master P a été abrégé en Ghetto D pour éviter d’attiser la polémique qu’avait déjà engendré son artwork toxicomane. On y voyait un camé en phase terminale, la peau criblée de taches suspectes et une pipe à crack à la bouche. Cette pochette de disque sera finalement retirée de la vente et remplacée par un visuel tout aussi laid mais beaucoup moins malsain.
#3
Juvenile – 400 Degreez (1998)
Dans l’incroyable clique de lascards immatriculés Cash Money Records, difficile de choisir qui a dégainé la pochette d’album la plus hideuse. Érigé en véritable esthétique, le mauvais goût dégouline sur chaque visuel des premiers disques de Lil’Wayne, B.G, Big Tymers et autres. Mais par delà même le beau et le laid, Juvenile tutoie les sommets en 1998 avec l’artwork anthologique de son 400 degreez.
#2
Big Bear – Doin Thangs (2010)
Responsables d’une bonne partie des pires visuels de l’histoire du rap, les graphistes texans de Pen & Pixel cultivent le sens de la mise en scène improbable, les effets photoshop ultra rutilants et les trucages visuels complètement cramés. Et même si leur carnet de commande tourne autour du sacro-saint bling-bling, ils s’autorisent parfois des dérapages complètement déments comme sur cet hymne aux gros ours, aux noisettes et aux peignoirs pimp.
#1
Trick Daddy – www.thug.com (1998)
Le rap digital et les clash intra-twitter sont certes au goût du jour, mais dès 1998, Trick Daddy avait tout prévu. Avec son second album www.thug.com, le rappeur de Miami versait dans l’hommage au navigateur Netscape, que les noobs que nous sommes avons déjà tous oublié. Un disque back to basics en forme de headshot aux mixtapes téléchargeables. Remballez smartphones, tablettes et google glass, papa Trick est dans le coup.

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