Instant cannibale : l’invasion zombie en cinq moments pop


21/06/2013 /

Alexandre Béguin

#5
Rock pompier et menace globale pour World War Z 
La perspective de découvrir en salle (le 3 juillet prochain) ce blockbuster hollywoodien adapté (très librement) d’un best-seller ressemblait à un bon prétexte pour un tel article. Plus que mainstream, le zombie cannibale devient grand-public, et, à un improbable Brad Pitt dans le rôle principal s’ajoute un titre instrumental composé par Muse, groupe habitué des mises en scènes musicales de l’apocalypse (entre autres intentions grandiloquentes). Surprise, à l’écoute de « Isolated System », le groupe semble l’avoir joué très soft. Brad Pitt voulait un thème aussi marquant que celui de l’Exorciste… Malheureusement, hormis l’effet « grosse production », la partition de la bande à Bellamy est quand même loin du Tubular Bells de Mike Oldfield. On attend de découvrir le film pour voir si la BO n’en rajoutera un peu dans le lyrisme, surtout quand les zombies du film semblent férus d’empilages humains dignes d’une Féria de Bayonne.
#4
Les Gobelins à la rescousse de Dawn of the Dead 
George Romero a peut-être réalisé ce mètre-étalon du genre « survival zombie » qu’est Dawn of the Dead, suite bigger & stronger de sa « Nuit des Morts-Vivants », cela n’a pas empêché un autre maître du cinéma de genre de l’époque, alors co-producteur, d’y imposer sa touche artistique. Il s’agit de Dario Argento, qui supervise la version européenne du film. Incapable de résister à la tentation, le réalisateur italien sortira une version supérieure à l’originale. Sur un montage plus resserré et orienté gore, il aura également la bonne idée de remplacer la muzak achetée au kilomètre de la version US par un score des Goblins devenu mythique. Explosions de synthés, sons discordants et chœurs d’outre-tombe, le groupe de rock progressif italien préféré d’Argento semble repousser y ses limites, accentuant encore un peu plus l’originalité et le radicalisme du film.
#3
Du post-rock pour l’apocalypse infectée de Danny Boyle
En 2002, couraient sur les écrans quelques britons infectés par une rage fulgurante. C’était dans 28 jours plus tard et Danny Boyle surprenait alors tout son monde en relançant un genre tombé quelque peu en désuétude. La formule du succès ? Une réalisation parfois aussi énervée que ses zombies sprinteurs mais privilégiant pour le reste une atmosphère urbaine portée par une bande-annonce aussi apocalyptique que radicalement différente, à l’époque, en comparaison avec le tout métal des BO de films de genre. Le réalisateur avait ainsi tellement accroché sur le lancinant, progressif et finalement implacable « East Hastings » des Godspeed You ! Black Emperor qu’il en avait adopté le rythme pour concevoir et monter la séquence d’ouverture. Le résultat ? Un chef d’œuvre de mise en place et de montée en tension, largement pompé plus tard par l’intro hospitalière des Walking Dead.
#2
Un Queen à réveiller les morts dans Shaun of the Dead 
Vers la fin de Shaun of the Dead, film d’Edgar Wright et mené par le duo de comédiens Simon Pegg et Nick Frost, un barman zombifié est malmené par trois des personnages, armés de queues de billard et le tabassant sur fond de Don’t Stop Me Now des Queen. Un intermède musical et chorégraphié fendard et surtout une occasion pour le réalisateur de poser un peu plus ses intentions : plus qu’un excellent film de zombies, Shaun of the Dead est aussi une comédie anglaise à l’alchimie maîtrisée. Le genre de film où la romance le dispute à la bromance, les conflits se réglant invariablement au pub du coin, autour d’une pinte (ou d’un zombie), en s’agitant sur de la musique de stade. 
#1
Country crépusculaire pour revenants sous EPO chez Zack Snyder
En 2004, le futur réalisateur du tout dernier Superman débarque sur le ring Hollywoodien avec un remake ultra-pêchu du Dawn Of The Dead de Romero. Probablement impressionné par la relecture Danny Boylienne du genre, Snyder y repique deux trucs : ses morts vivants portés sur la course de fond et une ouverture musicale à contre-courant des attentes du spectateur. Celle-ci intervient après une introduction devenue modèle du genre. Pour s’en rendre compte, il suffit de jeter un œil à celle de World War Z telle que présentée dans le trailer, où le tranquille quotidien d’une famille américaine bascule en quelques plans dans un cauchemar qu’on devine global et irrémédiable. Chez Snyder, le générique faisant suite à ces séquences survoltées calme faussement le jeu en utilisant le « When The Man Comes Around » de Johnny Cash. En plus des atours de la chanson en forme de prêche apocalyptique proféré par l’homme en noir, le retour à la musique country avant l’apocalypse sonne un peu comme un ultime pas en arrière avant de sauter définitivement dans ce vide qu’est la fin de la civilisation.

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