Depuis le mitan des années 90, Eminem mène une œuvre autobiographique aussi passionnante qu’elle consume son auteur : en huit albums, il a raconté ses peines sentimentales, son passif familial chargé, ses positions homophobes, ses fantasmes sexistes, ses revendications politiques… Avec tout ça, on pourrait penser tout connaître du blondinet. Rien n’est plus faux. Comme toute icône pop, Marshall Mathers est un personnage complexe, souvent contradictoire, qui ne se laisse deviner qu’entre les lignes de ses lyrics.
Les dix titres sélectionnés ci-dessous permettent d’ailleurs de faire émerger différents traits de sa personnalité : le performer, le psychopathe, le conteur sensible, le taquineur… Car, de « Go To Sleep » à « Stan », de « White America » à « Lose Yourself », c’est bien cette diversité, cette aisance à passer insensiblement de la petite fiction introspective au pur egotrip, cette capacité à passer en un saut d’humeur vagabond du rap le plus rugueux à la production « pop » la plus fine, qui fascine chez Eminem.
Le plus attentif des lecteurs remarquera également qu’aucun des titres de ses derniers albums ne figure dans cette liste. Qu’il se rassure : aucun message caché dans cet article, aucune nostalgie. Si des titres comme « Rap God », « Renegade » ou encore « Bad Guy » sont absents (de même que des tueries comme « Kill You », « Kim » ou « Sing For The Moment »), c’est tout simplement parce qu’il a fallu faire des choix. Et que, oui, si Eminem reste aujourd’hui encore un artiste de talent, il a incontestablement perdu un peu de son génie.