La french touch, Eden et les Daft Punk : interview de Sven Love

Il ne s’en cache pas : les interviews, Sven Love n’en est pas vraiment fan. Il prend du temps (beaucoup, parfois) pour répondre, pèse ses mots, hésite. Peut-être parce qu’il n’est pas à l’aise face à ces gratte-papier qui lui posent trop de questions. Peut-être aussi parce que les souvenirs sont flous : ils datent des années 90. Sven Love est le frère aîné de la cinéaste Mia Hansen-Love, qui a réalisé le film Eden, en salles depuis le mercredi 19 novembre. Il fut également l’organisateur des mythiques des soirées Cheers. À la fois témoin et acteur de cette scène, de ce mouvement, qui vit naître, entre autres, un petit groupe du nom de Daft Punk, son parcours est aujourd’hui adapté sur grand écran, par sa soeur donc. Sven, lui, s’est chargé de la bande originale (qui, elle aussi, est dans les bacs). Une BO qui, loin d’enchaîner les évidences, s’aventure sur le terrain de l’audace, évitant ainsi le côté carte postale de la chose. Il y a les Daft, évidemment. Mais on y retrouve également The Orb, Jaydee, Frankie Knuckles, Joe Smooth, Rosie Gaines…

On vous a vu récemment dans Le Supplément, l’émission de Canal +, pour un long sujet, juste avant une interview où vous étiez à côté de Nadine Morano. On ne vous imaginait pas ici.

Sven Love: Je ne connaissais pas très bien l’émission. Je savais qu’ils faisaient un sujet culturel, chaque weekend, et le film suscite pas mal d’attention de la part des médias.

Il y a un sentiment de revanche à se retrouver sur un grand plateau, dans une émission regardée, sous le feu des projecteurs ?

Un sentiment de revanche ? Absolument pas. Je ne ressens pas d’amertume, ou de regret. J’ai juste fait ce reportage car je pensais que c’était important pour la promo du film. La promo, c’est une chose avec laquelle je ne suis pas du tout à l’aise. Mais on prend le pli, pas le choix. Il y a tout de même beaucoup de choses à dire.

Eden, c’est votre histoire ? Ou sa version romancée, édulcorée ?

Le but, avec ma soeur, et son point de vue, c’était de raconter les choses de manière honnête et authentique, de ne pas chercher à les enjoliver. Quand le monde de la nuit, des clubs, est traité au cinéma, même si le film ne parle pas forcément de ça, c’est souvent de manière très fantasmée et exagérée, comme un clip. Mia, car c’est vraiment son point de vue encore une fois, voulait quelque chose de plus réaliste, de plus impressionniste, pour vraiment retranscrire ce qu’était cette période.

Vous vous êtes occupé de la bande originale. C’est la BO du film ou celle de votre parcours personnel ?

C’est un peu des deux. On a bossé longtemps avec Mia, une année à faire des listes, sans cesse. Mais, avec le recul, je dirais qu’une partie est en rapport avec le film, mais une autre est d’avantage faite de souvenirs. Certains titres dans cette bande originale ne sont ni des chefs d’oeuvre, ni les titres les plus emblématique de cette période. Il ne faut pas voir la BO comme la compilation des meilleurs titres de cette époque, mais plus comme un rendu, même à travers des titres secondaires, qui ont pu représenter beaucoup pour ma soeur ou moi. C’est quelque chose de très excitant à faire, mais il faut prendre en compte énormément de paramètres. Mia a écrit son scénario dans un rapport très proche avec la musique. Elle pouvait réécrire le scénario en même temps que la conception de cette bande originale.

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