Francis Cabrel peut-il être le Bob Dylan français ?

Peut-être, car c’était mieux avant. Le dernier bon album de Dylan date de, disons, 1989, avec Oh Mercy ? Chez Francis, c’est pareil. « Petite Marie », « Sarbacane », « Encore Et Encore » : tous ses véritables hits sont nés entre la fin des années 70 et le milieu des nineties. Bob et Francis, presque un siècle de carrière à eux deux, et plus rien dans les tuyaux. Quelques concerts « événement » (en tout cas pour Chérie FM et RTL2), canonisation de leur vivant (Grande médaille de la chanson française par l’Académie française en 2010 pour l’un, Presidential Medal Of Freedom pour l’autre) et toujours la même rengaine du tonton farceur ou du patron relou : « oh tu sais fiston, moi je l’ai vu sur scène en [insérez date ultérieure à votre année de naissance] dans cette salle là, c’était quoi déjà… ah oui, le [insérez nom de salle fermée la même année] et c’était vraiment [insérez superlatif ringard depuis la même année] ».

Non, il a trop peur du Zim. « Just Like A Woman » devient « Comme Une Femme ». « Gotta Serve Somebody », « Il Faudra Que Tu Serves Quelqu’un ». Et « All Along The Watchtower », « D’en Haut De La Tour Du Guet ». Francis avait choisi comme option Anglais LV1, et ça se sent. La traduction mot à mot est plombante. Sans déconner, « It’s All Over Now, Baby Blue », traduit « Tout se finit là, bébé bleu » ? Côté chansons, Cabrel ne s’éloigne des versions originales qu’avec une grande parcimonie. Ici, passé la curiosité, on cherche quelques trouvailles. Dylan sans les double sens, sans la poésie, sans cette voix nasillarde et la production de l’époque, c’est comme les soirées de l’ambassadeur sans Ferrero, on s’ennuie ferme.

Peut-être, Cis-Fran est vraiment un chic type. Si la planète entière a repris Dylan, pourquoi pas lui ? Francis, on l’aime bien. C’est un peu l’ami sudiste de la famille qui passe un coucou de temps en temps. Et en plus, il pense aux autres (cf. Les Enfoirés), un peu comme Dylan d’ailleurs (cf. Concert For Bangladesh, Farm Aid, etc). On lui pardonne donc ce faux pas. D’autant plus que le Zim lui-même n’est pas en ce moment au mieux de sa forme. Après Tempest, son dernier né, pourquoi ne pas envisager un album hommage à Francis Cabrel ? Tiens Bobby, un petit coup de pouce pour la tracklist : « I Loved You, I Love You, I Will Love You », « Pea-shooter », « The Lady of Haute-Savoie », « Saïd and Mohamed (Uncensored Version) ».

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