Cinéma : les français savent-ils filmer la pop ?

Non, les clichés sont légion. Dans Pop Redemption, Julien Doré est le chanteur d’un groupe de death metal se rendant au Hellfest pour un concert inespéré. Mais bien sûr, rien ne se passe comme prévu. Comédie respectable réalisée par un vrai fan, Martin Le Gall (son premier long métrage), Pop Redemption souffre malheureusement de son statut de comédie printanière, du genre qui doit plaire à toute la famille. Lorsque le groupe se produit pour la fête de la fraise d’un village paumé, ils entonnent, habillés en hippies, « All You Need Is Strawberries ». Certes, on se doute que Yoko Ono est chiante sur la question des droits, mais tout de même. Des quatre métalleux traversant le passage piéton les uns derrière les autres (vous la voyez la référence ?) à la fille rebelle pestant contre sa mère coincée (Audrey Fleurot, toujours aussi sexy), en passant par la rock star nommée, tenez-vous bien, Dozzy Cooper, ça part dans tous les sens. Derrière ces quelques références placées ça et là pour flatter les mélomanes, la mise en scène de ce film familial est on ne peut classique et ne prend pas le moindre risque. Saluons malgré tout le casting. Ce qui n’est pas le cas, par exemple, d’un autre film notable : Janis et John (sorti en 2003), de Samuel Benchetrit, dans lequel François Cluzet se rêve en Lennon, pendant que le réalisateur pompe allègrement Fight Club (le rembobinage, le final avec les Pixies) sans se poser la moindre question. Et vous voulez savoir ce qu’il y a de plus triste ? Il s’agit du dernier film de Marie Trintignant.

Oui, quand c’est l’oeuvre d’un fan audacieux. « Après la mort par overdose de son compagnon Lee, un chanteur de rock à succès dans les années 1990 et en errance, Emily sa compagne et ancienne chanteuse et présentatrice de télévision, se retrouve 6 mois en prison au Canada pour fourniture de stupéfiant ». On est ici chez Olivier Assayas. Avec Clean, en 2004, il ne choisit pas de parler de rock, mais de la défaillance du genre humain, de la merde qui nous entoure, en choisissant de placer le tout dans un contexte instable. Et quoi de plus boiteux qu’une rock star, perdu entre sa vie de famille et sa vie sur la route, et les tentations qui vont avec ? Au casting, on retrouve Emily Haines (membre de Metric et de Broken Social Scene) et Tricky, dans leurs propres rôles. Et outre une BO réunissant The Notwist et Metric, c’est Brian Eno qui est en charge d’ambiancer le tout. Trois ans plus tard, Christophe Honoré signe avec Les chansons d’amour l’un des films les plus surestimé de la décennie, mais qui a le mérite d’être porté par une vision : celle d’un Paris musical, et d’une collaboration main dans la main avec un Alex Beaupain inspiré. On ne s’attardera pas trop sur l’histoire, pour mieux saluer le travail du réalisateur, qui célèbre ici un mariage d’amour entre la pop et le cinéma. Louis Garrel, lui, se cherche toujours une deuxième expression.

Non, c’est souvent raté et basta. Parfois, il y a de la matière (un roman de Virginie Despentes par exemple) mis au service d’un casting sans logique (Marion Cotillard et Stomy Bugsy), pour un film visuellement insupportable et un scénario très con (la drogue c’est mal, en gros). Ce cocktail a donné en 2000 Les jolies choses. Parfois, on suit la naissance d’un groupe composé d’un acteur talentueux (Marc-André Grondin) mais mal employé, et accolé à de nouvelles têtes vite oubliées (les autres) et Philippe Manœuvre dans le rôle de lui-même. C’est Bus Palladium (2009). Mais la lose ultime, c’est quand on suit une jeune fille mal dans sa peau à la recherche de son père, qui décide de monter un groupe parce que le mec est producteur, et que le tout se termine à Bercy pour une soirée Dance Machine (c’est M6 qui produit). On y retrouve même Philippe Corti, rien que ça. Et ça s’appelle Bouge ! Même Wikipedia n’est pas neutre sur le sujet : « la chanson-titre est interprétée par une dénommée Géraldine qui n’a pas fait parler d’elle par la suite ». Dommage.

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