Bon Iver serait-il en manque d’affection ?

Oui, il se cherche des potes. Difficile de faire autrement quand on a commencé sa carrière sous le signe de la galère sentimentale. Avec son premier disque For Emma, Forever Ago, Bon Iver adressait une poignée de chansons à celle qui l’avait largué et signait au passage une réussite inattendue. Depuis, il comble son manque affectif en alignant les collaborations avec la terre entière. Crédité sur deux featuring («  » et «  ») sur le colossal My Beautiful Dark Twisted Fantasy de Kanye West, Bon Iver a aussi prouvé son goût du networking dans ses copinages musicaux avec , , , le duo , le saxophoniste expérimental ou même les improbables bardes irlandais des . Tout récemment, c’est aux côtés de Poliça (l’incroyable et langoureux «  ») ou des Flaming Lips (« Ashes in the Air » son clip allumé, visible ci-dessous) que l’on retrouvait l’hyperactif. Une de perdue, dix de retrouvées.

Non, c’est juste que le folk commence à l’ennuyer. Au milieu des années 2000, après un soudain regain d’intérêt pour les guitares acoustiques et les comptines champêtres, le mouvement folk était partout et Bon Iver a su bénéficier de cet engouement. Pourtant, en délaissant son public d’origine (quelques étudiants vaguement politisés), le genre s’est exposé aux remous des phénomènes de hype. Résultat : presque dix ans plus tard, on a l’impression d’avoir fait le tour des barbus avec tatouages en forme de triangle et tote bag de légumes bio. C’est donc avec un certain sens de l’opportunisme et un talent d’adaptation évident que Bon Iver a commencé à lorgner vers le hip-hop, devenu entre temps le nouveau far-west du cool. « J’ai toujours été à fond dans le hip-hop » se défend Justin Vernon dans le magazine . Mouais.

Peut-être, ces nouveaux potes ne sortiront pas ses disques à sa place. Justin Vernon a beau enchaîner les speed dating musicaux pour continuer à faire l’actualité, son dernier album en tant que Bon Iver date de juin 2011 et faisait dans le minimum vital : 39 minutes seulement et un paquet de chansons écrites en 2008. Depuis, son folk prend la poussière et commence à sentir la pisse de chat, ce qui ne semble pas le préoccuper outre mesure. « Mon instrument de base n’est plus la guitare, mais l’ordinateur » déclarait le chanteur au journal Le Monde. Et bien même si c’est pour sortir un album de rap, on conseille au chanteur de cliquer sur l’icône de son logiciel d’enregistrement avant de se muer en névrosé du poke et de la friend request.

Scroll to Top