Azealia Banks n’est-elle qu’une opportuniste ?

Oui, son nouveau titre en est la preuve. De façon aussi regrettable qu’inévitable, Azealia Banks est passée de l’incarnation même du rap 2.0, celui qui s’écrit au féminin et qui se veut décomplexé, à la pire des opportunistes. On la voit partout : dans le grime, la trap music, le hip-hop et même dans le circuit électronique. Bref, cette jeune fille pleine d’avenir ne se refuse plus rien. Pas même une incartade dans le Harlem Shake, la danse en vogue dans le hip-hop et le r’n’b au début des années 90 et revenue à la mode dernièrement. Le problème, c’est que miss Banks a publié ce freestyle sans l’autorisation du producteur original : Baauer. Mais la question qu’on se pose est la suivante : était-ce une bonne idée ? Vu la qualité du morceau, d’un ennui à se faire dessus, la réponse est toute trouvée.

Non, elle est ce qu’il y a de plus audacieux dans le hip-hop aujourd’hui. Et pour cause, sans pour autant parier sur le futur d’Azealia Banks, on peut parier qu’elle fera le bonheur des radios dans les semaines, les mois et les années à venir. On parle également de deux duos avec Lady Gaga sur son premier album, prévu pour le 12 février (et qu’on attend toujours #lovercomète). Certes, les victoires de ce genre n’ont finalement que peu d’écho, mais le fait est que son r’n’b halluciné, ses clips sexy et son flow crasseux nous font dire, quitte à se faire quelques ennemis chez les puristes du genre (ceux pour qui Illmatic de qui vous savez reste le dernier grand album de rap) avouons que «  », «  » et «  » sont autant de tubes XXL, capables à eux seuls de balayer tout questionnement. Et de redonner foi en la musique cross-over.

Oui, mais le fait-elle exprès ? Après tout, comment ne pas égarer son chemin lorsqu’on multiplie les grands écarts écarts, de l’acid-hip-hop («  ») à la folie nonchalante («  »), jusqu’au seapunk (« Atlantis ») ? Azealia Banks sonde en effet en permanence son extraordinaire pouvoir de métamorphose, mais finit malheureusement par ne plus savoir sur quel pied danser. Quant au clip d’ « Harlem Shake », la belle peut y bouger les fesses comme personne pour tenter de nous attendrir (prend ça, Beyoncé !), cela ne suffit plus à cacher sa vraie nature. Pour sa défense, c’est vrai aussi qu’il est plus facile de poser son flow sur des titres énergiques concoctés par Machinedrum ou Jacques Greene que sur du dubstep lourdingue.

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