L’hiver bat son plein et ce ne sont pas les norvégiens de Young Dreams qui diront le contraire. Mais pour s’évader, leur parti pris est simple : on précipite les beaux jours avec la sortie de ce premier album, qui voit le jour entre février et mars, autrement dit la pire période pour les balades en vélo et l’amour dans les champs. Sur leur page Facebook, les Young Dreams étiquettent leur tambouille « pop tropicale ». Ce qui nous ramène immédiatement à cette époque pas si lointaine, celle de MySpace, où trouver la combinaison sémantique la plus improbable possible était la norme, histoire de se démarquer. « Christian Italo Metal », ce genre de choses. MySpace est un mort-vivant classieux, et la pop tropicale, eh bien ça ne signifie pas grand chose. Young Dreams, pour simplifier, est en terrain pop sur Between Places, le même champ miné que leurs idoles Brian Wilson, Phil Spector et Nancy Sinatra.
Les cinqs scandinaves ne font que raconter une histoire, toute simple, comme celle du de « Fog of War ». Une histoire d’amour (ou d’amitié, on ne sait pas trop). Un truc sincère, mais éphémère, un son plaisant mais infiniment creux. Chris Holm chante les cœurs brisés et mélodiquement, c’est assez imparable et ce dès le premier single, « First Days of Something », qui annonce la couleur poppy et mignonnette de l’album. Problème : c’est très en dessous des chevilles de leurs idoles (citées dans le premier paragraphes et toutes décédées au moins artistiquement) et surtout, Young Dreams sonne comme un millier d’autres groupes (avec plus ou moins de pincettes). La même réverb’ sur la voix, les même riffs cisaillés, dans une sorte de mélange indie-pop dans l’air du temps entre Vampire Weekend, Local Natives et DIIV. Le résultat fait le même effet qu’une orgie de barbe à papa : c’est sucré au début, mais à s’empiffrer, on attrape une bonne gerbe, surtout avec ces incessantes harmonies destinées à illustrer un je-ne-sais-quoi de communion.
Il n’y a rien de détestable dans ce disque tout chou mais premier degré qui s’écoute. Il ressemble à la filmographie de Hugh Grant. On l’aime bien, le gars Hugh Grant, surtout dans le rôle du loser résigné qu’il incarne dans Le come back. Mais ses films, au final, se ressemblent tous, et Between Places n’est rien de mieux qu’un prototype indie-pop à retardement, un élégant digest de ce qui s’est fait ces cinq dernières années.