D’entrée, dissipons le doute qui vous taraude tous : Yan Wagner n’est pas le fils du footballeur Roland Wagner, l’attaquant alsacien qui a remporté le championnat de France en 1979 avec le RC Strasbourg et qui, pour sa première et dernière sélection en équipe de France, s’est fait bousiller la cheville. Hormis l’homonymie teutonique et sûrement quelques deutsche goûts musicaux en commun (Tangerine Dream, DAF, DJ Hell), l’analogie s’arrête là, d’autant plus qu’au vu de la bonhomie de Yan, ses chevilles ne sont pas prêtes d’enfler. Et contrairement au drusenheimois Roland, Yan Wagner est bien né en France. Une France qui ferait bien de tomber pour lui, pour ses synthétiseurs saturniens, son visage blême et délicat (#nohomo) et sa voix de bronze à la Curtis. D’ailleurs, sur « Fourty Eight Hours », morceau éponyme de l’album et clin d’oeil appuyé à Factory Records, les synthés ont la beauté d’un lendemain de fête et tintent comme du New Order.
Le bac étiqueté synthpop lui fait les yeux doux mais ce serait un classement imparfait tant sa pop pêcheresse a croqué bien des seins fertiles : la techno (Dopplereffekt, Aphex Twin), le P-Funk, le disco et, évidemment, le post-punk estampillé 80’s (Depeche Mode, New Order). Un disque sûr de ses références comme en témoigne l’intro « On Her Knees », plage instrumentale à la Tangerine Dream, qui dégouline sur la deuxième piste. Sur « Vanished », c’est ambiance « Boogie Nights » avec un disco des familles bardé de synthés façon Giorgio Moroder et de sonorités house. On imagine un Tony Manero un peu loser et gauche qui, pris de la fièvre du samedi soir, réussit, peut-être, enfin, à pécho en club. La débauche laisse place au « Spleen de l’officier », un slow qui décolle avec la nonchalance d’un vaisseau fantôme. Si on ne revient pas de sa mélancolie en passant un week-end à Rome, mettre en paroles l’exil est un expédient efficace, peut-être plus quand c’est Étienne Daho qui, tout en retenue, prête voix et mélodie. Mais la véritable claque de Fourty Eight Hours, c’est « Elementary School ». Yan Wagner se fait crooner tantôt impérieux, tantôt lancinant, sur des synthés outrageusement japonisants, mais bien plus digestes que du Yellow Magic Orchestra, pour un tube (de Valium) en puissance.