Chroniques

Waka Flocka Flame DuFlocka Rant 2

Il en était certainement le premier étonné, mais Waka Flocka Flame sortait fin 2010 un album parfait avec Flockaveli. Vingt années d’héritage gangsta rap y sont digérées, et sublimées dans un son nouveau qui est depuis devenu la norme pour le rap de rue. De Rick Ross à Young Jeezy, la planète rap toute entière s’est essayée à l’imitation, sans jamais complètement réussir à réitérer l’exploit de Waka, secondé par son jeune producteur, Lex Luger. À vrai dire, eux-mêmes n’y sont jamais arrivés : avec une petite dizaine de mixtapes et un deuxième album solo en boite depuis, ce n’est pourtant pas faute d’avoir essayé. Mais rien n’y a fait, Flockaveli demeure intouchable, même pour ses auteurs.

Qu’il doit être compliqué d’avoir pondu un tel monument dès le début de sa carrière. Mise de côté la fierté d’avoir marqué le rap de son empreinte, il reste l’angoisse de ne jamais réussir à refaire aussi bien. Face à ce doute il y a deux types de réactions possibles : faire table rase du passé et essayer quelque chose de différent, ou bien réutiliser la formule qui a mené la première fois au succès.

Il semble que ce soit la deuxième solution que Waka Flocka ait choisie, car outre les écarts électro-pop de son second album, c’est toujours sur l’énergie brute -une caractéristique, qu’il mise avant tout. DuFlocka Rant 2 (à écouter/télécharger ) n’échappe pas à la règle, et comme Salute Me Or Shoot Me 4, cette mixtape est constituée de titres interchangeables, qui laissent une impression de déjà-entendu.

Pourtant Waka Flocka n’a cessé de progresser depuis trois ans. En plus de son charisme naturel et du dynamisme de son flow, il peut maintenant jouer avec la vitesse et le timbre de sa voix, et se révèle même en songwriter capable d’écrire et de chanter ses refrains. Malheureusement, le choix des productions ne rend pas service à ces progrès. Majoritairement usinées par le duo Southside et TM88, ces productions sont bâties sur l’exosquelette des beats de Lex Luger : des snares roulées jusqu’à ce qu’elles sifflent comme un serpent et des basses profondes qui rebondissent d’une enceinte à l’autre. Et à la fatigue d’une recette répétée à outrance, s’ajoute l’absence du savoir-faire de Lex Luger, pour n’avoir au final que des imitations donnant l’impression d’avoir été produites à la chaîne.

Ironie de l’histoire, le seul producteur apportant quelque chose de neuf à l’entreprise est Lex Luger. Avec « Real Recognize Real », il offre à Waka Flocka une ambiance plus détendue grâce à la mélodie spectrale d’un thérémine. Ce n’est pas la première fois que Waka s’essaie à ces productions plus épurées, conduites par un sample (cf. l’Intro et l’Outro de Triple F Life), et depuis Flockaveli, c’est systématiquement sur ces atmosphères qu’il offre ses meilleures prestations. Dommage qu’elles soient si rares, noyées dans les vaines tentatives de réactiver de vieux souvenirs. C’est pourtant sans doute en suivant cette voie différente que Waka Flocka Flame pourra espérer nous faire vibrer comme il l’avait fait il y a trois ans.

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