Chroniques

Veronica Falls Waiting for Something to Happen

Veronica Falls est un groupe d’indie pop britannique formé à Londres à la fin des années 2000 par Roxanne Clifford et Patrick Doyle. Tous deux sont originaires de Glasgow et ont fréquenté la scène locale au sein de formations nommées The Royal We et Sexy Kids. Ok. Pourquoi se sont-ils retrouvés dans la capitale du voisin sudiste ? Y a-t-il une diaspora organisée de kilts facilitant leur rencontre ? Je ne sais pas. Bref, nos deux têtes d’ange sont rapidement rejointes dans leur entreprise d’absolution musicale par le guitariste James Hoare, puis par Marion Herbain, une amie d’origine française, à la basse. Selon la mythologie du groupe, cette dernière ne savait pas jouer du tout de l’instrument en question lorsqu’elle a intégré le groupe et a appris sur le tas.

Pour toutes les zoulettes fans de Veronica Mars, ce n’est même pas la peine de continuer, pas de Kristen Bell au menu . Pour les autres, le quatuor sort un premier single, « Found Love in a Graveyard », en 2010, suivi la même année par l’horrifique « Beachy Head ». Un troisième morceau, « Bad Feeling », est publié en 2011 avant la sortie du premier album, Veronica Falls, sur le label Bella Union. Ces trois morceaux, dans le genre gentilles pastilles C86, avec leurs harmonies omniprésentes, la reverb qui habilles les guitares, celle-là même qui joue les accords les plus simples au monde, étaient à l’époque une parfaite introduction au groupe. Mais pas vraiment de quoi renouveler un « genre » dont on a vite fait le tour, la twee-pop.

Une entrée en matière pépouze, donc, qui débouche aujourd’hui sur un disque « sophomore ». Quand le single « Teenage » sortait en amont, au moins de novembre, ce premier extrait de Waiting for Something to Happen annonçait l’évolution du son de Veronica Falls : on sort de la maison de campagne qui empeste le ragondin musqué pour pénétrer une mousse pop aussi agréable qu’un bol de Cajoline. J’aurais juré que ces harmonies étaient pompées sur un vieux tube ou le générique d’un dessin animé, mais ma mémoire me fait défaut (si vous avez eu le déclic, n’hésitez pas). Quoi qu’il en soit, « Teenage » est un petit bijou immaculé expiation qui raconte l’histoire d’amour impossible entre un mec et une nana qui se comportent comme des potes. Car le tour de force de ce disque, c’est le romantisme omniprésent, un romantisme qui n’est jamais hors de propos, jamais premier degré : il est flemmard, immobiliste, apathique, même, parfois (d’où, peut-être, le titre de l’album).

Après avoir « trouvé l’amour dans un cimetière », le groupe s’autorise un autre instant nécrophile avec « Buried Alive » dont les mélodies mélangent ironiquement soirée cupcakes et extrait de Carrie, le bal du diable, avec en prime la meilleure référence aux MST de l’histoire de la neo-twee-pop : « Je veux être malade, je veux attraper tout ce que tu as chopé ». Tu inspires un bon coup et c’est comme si tu humais les embruns sur le bound de Brighton. On reconnaît parfois des bouts d’Undertones voire de Vaselines alors que le quatuor ne jure que par le Velvet Underground et les légendes 60’s à la Felt ou Gigi Riva. Une pointe de tension Nirvanesque, aussi, dans « Shooting Star » et une petite incursion de sitar dans « My Heart Beats ». Veronical Falls, d’un coup d’un seul, parviennent à élargir leur palette, à se défaire de l’étiquette « twee-pop » et à faire oublier tous les « revivalistes » de la twee-pop. 

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