Chroniques

Various Artists Kistuné Parisien III

« Call it the new French Touch or whatever you like, this is the new blood which is currently shaking the City of Lights ». C’est avec ce genre de déclarations d’intention empreinte de modestie que le site officiel de Kistuné nous accueille, histoire de nous vendre cette compilation consacrée à la jeune garde parisienne (mais pas que). Sachant que c’est la troisième du nom et qu’ils nous font le coup à chaque fois, on reste prudent sur le caractère précurseur de la chose. La nouvelle french touch ? Comme le nu-metal, pas certain de qu’on veuille payer pour voir. Prenons donc Kitsuné Parisien III pour ce qu’il est : une sélection bordélique de (plus ou moins) chouettes chansons d’un moment. Et faisons le tri.

C’est un peu la marque de fabrique du duo formé par Gildas et André : on doit toujours se farcir quantité de simili-trucs, et toujours dans un style bien rodé. La recette est la suivante : pour une copie de Yelle, de grosses nappes de synthés, une voix un peu fausse (parce que c’est mignon), et on étale le tout sur quatre minutes. Parfois, c’est réussi, comme sur le fabuleux « Désorbitée » d’Exotica, découvert sur une précédente édition. Ici, ça donne « UV », par Cinéma, et c’est chiant comme du Rohmer. Pour une imitation réussie de Two Door Cinema Club (eux-mêmes gentilles copies conformes de Phoenix), un peu de réverb’ sur des notes pincées de guitare, de grosses nappes de synthés (oui, encore) et un refrain pour faire pleurer dans les chaumières hypeuses. Et si tu cours au ralenti dans ton clip, c’est jackpot. Un grand bravo donc à You et à leur morceau « Color ». Enfin, si tu veux signer chez Ed Banger, trouve toi un nom rigolo et écoute bien Breakbot (mais pas trop sinon t’es grillé). Mention « bien » à Le Crayon et son morceau hommage à Vladimir, « Cosma ». Et enfin, gros big up à Monsieur Monsieur, qui en plus de coller à l’air du temps (c’est important) en doublant son nom, parvient avec « Arym » à se faire une petite place au soleil en pompant jusqu’à la moelle le « Master And Servant » de Depeche Mode.

Malgré cette purée, on trouve quand même de quoi se repaître. Il y a tout d’abord Toys. Rien à voir avec les anglais de Toy (ça devient compliqué cette affaire). Bref, Toys, qui avec « Noise » signe l’une des plus belles chansons d’amour-désespoir de ce début d’année. Un simple « Now I know what love is for » rythmé par une guitare désincarnée, et notre cœur vacille. Un petit cœur fragile vite remis sur pied par Pyramid et son « Wolf », qui sonne comme du Data pas daté. C’est vivant, ça use des recettes un peu faciles sans pour autant se regarder le museau. Il en va de même pour « Donna », signé Dombrance. Un mec qu’on a connu pop, et qui se tourne aujourd’hui vers les machines. À la force d’une boucle hypnotisante toute bête, sa présence illumine ici cette première partie de compilation. On vous conseillera également le clip, fourre-tout de gens dansant sur le web, et occasion rêvée de prendre des nouvelles du culte Techno Viking.

C’est sur un enchaînement parfait que l’on termine l’écoute (un peu laborieuse) de Kitsuné Parisien III, avec Fauve, Saint Michel et Superpoze. Trois idées bien différentes de la pop. Une reposant sur le texte, l’autre sur la sensualité, et le dernier sur le séquençage. Bref, pas vraiment de quoi nous donner l’envie d’acheter un polo à 160€.

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