Chroniques

Is Tropical I’m Leaving

« Ils sont là pour faire les cons, vive les britons ! » Voilà, en résumé, ce que l’on pensait de Is Tropical au moment de la sortie de leur premier album. C’était il y a deux ans, et passée l’excitation procurée par le single « The Greeks », on ne voyait chez eux rien de plus qu’une belle bande de londoniens rigolos, bien décidés à parcourir le monde davantage pour goûter aux drogues et aux filles que pour mettre en valeur leur album. Un objet brouillon, vaguement sexy, mais dont l’étiquette « nouveau cool en provenance d’outre-manche » peinait à voiler l’absence de chansons. C’est tout de même fou ce qu’il peut se passer en deux ans.

Visiblement moins porté sur le fun et plus sur la composition (l’un n’empêchant pas l’autre, bien naturellement), I’m Leaving détonne. D’entrée de jeu, dès le premier single, « Dancing Anymore ». Un truc massif comme disent les anglo-saxons, avec notamment ce NSFW d’adolescent perturbé (on ne se refait pas) mais surtout, un refrain. Une mélodie. Des voix qui se répondent : celle de Gary Barber et de sa copine. C’est lancinant, romantique, chaud, et ça ressemble à de la très belle pop. La fête, c’est fini : Is Tropical laisse ici place à la mélancolie des lendemains difficiles. D’ailleurs, l’une des plus belles réussites du disque s’appelle « Leave the Party ».

Is Leaving est un album brumeux donc, mais il propose de multiples facettes. « Lover’s Cave », qui ouvre le disque, est un instantané pour les clubs, aux sonorités new-wave. C’est avec retenue que le trio aborde ses nouvelles chansons. Il en va de même pour « Cry », morceau rock mais pas trop. Sur « Yellow Teeth », on retrouve au chant Ellie Fletcher, des Crystal Fighters. Et comme pour « Dancing Anymore », cette voix féminine apporte une touche de légéreté qui faisait jusqu’ici cruellement tort à Is Tropical. Quant à « Sun Sun » (quand on vous dit qu’on tient là un album de plage), on pardonnera une mélodie au goût d’inachevé. La tentative est belle.

Peut-être que quelque part, sur leur premier album, se cachaient les prémices de I’m Leaving. Sauf qu’à la réécoute, il fallait tout de même avoir du flair (ou simplement tenter un coup de bluff) pour imaginer une seule seconde qu’ils seraient capable d’accoucher d’un album solide et bien écrit. Beau et chaud (contrepèterie belge), I’m Leaving sonne la fin de la récréation, et malgré ses défauts (une production timide, des refrains parfois bâclés, et un peu de remplissage), il s’agit du faire part de naissance d’un vrai talent côté songwriting. Petit groupe pop deviendra (peut-être) grand.

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