Pas plus tard que ce lundi 25 novembre, avec The Limiñanas, il était déjà question de « canapé », « confort », « voyage » et autre esprit « garage » chez DumDum. Si l’idée d’une escapade estivale sur fond de décor méditerranéen nous a clairement séduit, à travers le troisième album des perpignanais, elle s’oppose aujourd’hui à l’aventure intérieure proposée par TOY. Le rock à tendance kaléidoscopique des anglais se veut lui aussi voyageur, mais pour un tout autre type d’embarquée. Leur trip à eux est intérieur. Nul besoin de la dernière édition du Guide du Routard donc. Pour vous accompagner sur les routes de Join The Dots, album qui sort le 10 décembre, un bon vieux canapé d’angle et quelques opiacés suffiront.
Trève d’abstractions. Plus de la moitié des membres de la formation vient d’un précédent projet : Joe Lean & The Jing Jang Jong, plus connu pour être passé à côté d’une éventuelle carrière que pour ses maigres fulgurances pop-rock. Après le succès massif du single « », Joe Lean & Co signent chez Vertigo (une subdivision d’Universal qui distribue entre autres The Killers, Metallica, Dire Straits) et jouent en première partie des Babyshambles, CSS, The Cribs et Kaiser Chiefs. En 2009, entre un concert en première partie de Blur à l’O2 Arena (celui de la reformation) et la sortie de son premier album, le groupe se sépare. « Ils ont mis trop longtemps à sortir ce disque, assez de temps du moins pour qu’on évolue. On a décidé de ne pas le sortir », nous confiait en 2011 Tom Dougall, chanteur du groupe et sosie de Richard Ashcroft. « Ce n’était plus nous, à la fin on retouchait les chansons pour leur faire plaisir ».
Bien que formé courant 2010, TOY n’en est pas vraiment au premier chapître, et c’est sûrement ce qui leur a permis de revenir avec une copie revue et corrigée. Exit le britrock fadasse des Jing Jang Jongs, bonjour les influences psychédéliques. The Horrors jouent les VRP de luxe. Le et ne se sont pas faits prier pour leur emboiter le pas.
Ce deuxième album (le premier, TOY, est sorti en septembre 2012) n’est pourtant pas leur à eux. Bien qu’on adhère au langage, Join The Dots reste perfectible. Quelques chansons sortent clairement du lot, comme « You Won’t Be the Same » et « As We Turn », toutes deux noires et pop jusqu’à la moelle. De « Conductor » à « To a Death Unknown », on est balloté entre rock garage, délires psyché, vapeurs shoegaze et à la limite du défouloir punk par moments. Les couleurs sont multiples. Sauf qu’avec l’arrivée d’« Endlessly », le tout commence à sérieusement piétiner. On se cantonne alors à un genre en panne sèche et certains titres, comme « It’s Been so Long » ou « Frozen Atmosphere », et son élévation rythmique, se montrent dispensables. Mais l’imaginaire, matière première chez TOY, retrouve vite son chemin. Notre hémisphère droit est de nouveau stimulé. « Left to Wander » reprend le flambeau. Et ce sont les neuf minutes de « Fall Out of Love », l’obligatoire-morceau-hyper-long-de-fin-d’album, qui illuminent la deuxième partie d’un album qui retrouve toute sa substance.
Au final, on se dit que la bande à Dougall est constituée d’excellents techniciens et archivistes du rock psyché mais que rhabiller l’héritage de Can, Neu !, Branca et consorts en pop-songs ne suffira pas. Quoi qu’il en soit, se baptiser TOY et présenter un deuxième album à l’approche des fêtes de noël, du strict point de vue marketing, c’est assez malin.