Chroniques

Sun Airway Soft Fall

Petite précision avant de commencer, si vous avez écouté les deux morceaux mis à disposition : non, ce deuxième album de Sun Airway n’est pas le fils caché de Chris Martin, le chanteur de Coldplay. La confusion vient d’abord de la voix et de son rôle dans les chansons : le chanteur Jon Barthmus a ce même timbre réconfortant, cette espèce de complainte pop, qu’il utilise autant pour accompagner que pour créer ses mélodies. Mais la comparaison ne s’arrête pas là. Si Coldplay représente la pop boursouflée, surproduite et peu aventureuse, le duo de Philadelphia Sun Airway renferme la même puissance de feu mélodique mais fabrique une musique presque dénuée de corps, plus rêveuse. Si, dans l’écriture les deux contrées se touchent, c’est dans la production que l’analogie prend fin : Soft Fall, c’est un peu comme si Wild Nothing et M83 passaient successivement aux manettes du prochain album de monsieur Gwyneth Paltrow & Co.

« Close », qui ouvre l’album, et « Black Noise », représentent le versant le plus pop de Sun Airway: une immédiateté mélancolique que l’on retrouve par exemple dans le , de Wild Nothing. « New Movements » est un cas plus intéressant. Pourtant doté d’un refrain simplissime, d’un alliage synthés-violons moderne à souhait et de Barthmus qui, par ses inflexions de voix, créé tout seul la mélodie, ce hit en puissance n’en sera jamais vraiment un : son beat est bancal, comme incomplet, la production est complexe et complexée. Mais surtout, et c’est un syndrome ici, jamais le morceau ne décolle. Si je déblatère comme le directeur artistique avide d’une grosse maison de disques, pardonnez-moi. Mais impossible de croire que l’élégant chaos échafaudé par Barthmus, cette grandiloquence jamais assumée, n’est autre qu’une partie d’auto-sabotage sur l’autel du bon goût. Et si Barthmus n’a pas compris qu’il avait des morceaux imparables au bout de ses doigts, qu’il change de métier.

Prenez encore « Wild Palms ». Là, c’est tout l’inverse : le beat est très simple, le refrain est extrêmement catchy et la performance vocale, n’en parlons pas. Du niveau de Viva La Vida or Death and All His Friends de Coldplay. Mais encore une fois, raté : le tout est enfoui sous des couches de synthétiseurs et encore d’autres couches d’effets électroniques. Ce n’est pas juste un problème de pinailleur : il manque réellement un truc à ces chansons, toujours tiraillées entre l’appétit pop de leur auteur et l’envie de faire joujou en studio.

 

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