Au départ, il y avait The Muslims. Un nom que les américains ont vite été obligés de laisser tomber, paranoïa outre-Atlantique oblige (si si, ça va jusque là). Se renommant en catimini The Soft Pack, nos quatre branleurs sortent un premier album en 2010. C’était grassouillet, franchement chouette, mais de là à dire que l’on attendait la suite avec impatience… Honnête sur scène, distrayant à la maison, tout à fait ce qu’on attend paresseusement de la part d’un groupe indie en 2012. Power-pop pépère, donc, jusqu’à l’arrivée du single « Saratoga » (ne pas confondre avec la reprise de « Call Me Maybe » pour les fêtes juives), envoyé en éclaireur pour savonner la pente à ce second album, Strapped. C’est toujours pas « Rendez-vous en terre inconnue » sauce indie-rock : les fans glanés grâce au premier album ne retrouveront que par moments (« Chinatown », « Saratoga », « Second Look ») le Soft Pack qu’ils aiment. La rage adolescente, ça va bien un moment. Maintenant, place aux choses sérieuses : il y a ici des cuivres, des synthés, du gros tube pour les radios (dans une certaine mesure, hein, avec par exemple le Passion Pitesque « Bobby Brown »).

On voit poindre d’ici quelques esprits chagrins regretter cette volonté d’ouverture à un public plus large. Ici, la sauce prend plutôt bien. Il suffit de se laisser prendre au groove de « Tallboy » et de son refrain imparable, à l’orgue hammond et aux déclamations narcotiques de « Bound To Fall » en passant par le délire post-punk de « Head On Ice ». On les aurait bien vu refaire le même album comme #thedrums ou #thestrangeboys. Mais bon, histoire de ne pas retourner à la fac (ou, pour l’un d’entre eux, d’entamer une carrière de sosie officiel de l’intouchable-parce-qu’ancien-de-Pavement Stephen Malkmus) The Soft Pack a décidé de quitter le costume douillet de chouchou des blogs et de dépasser son statut de groupe bruitiste par tranches de deux minutes et trente secondes. Il y a même une chanson de 6:42, si ça c’est pas une preuve…