Il existe plusieurs catégories de cons. Tout d’abord les gros cons, qui n’aiment rien, n’écoutent rien (ou alors un peu de tout) jugent, critiquent, et déblatèrent, souvent sans écouter mais en s’écoutant parler. Il y a les petits cons, venus de nulle part, jeunes, bercés d’arrogance et d’insouciance, convaincus que le son du mois prochain est déjà dépassé, et que franchement, non mais franchement… On peut également compter sur les vieux cons, l’exact opposé. Pour qui c’était mieux avant. Ils sont généralement dans la fosse lors des concerts de Mark Knopfler à Bercy, et écoutent RFM. Et puis il y a le con d’actualité. Il ne colle pas à la hype, ni au passé. Non, lui, il vit avec son temps. Ne se projette pas, mais ne regarde pas non plus en arrière. Il vit dans son époque, bloqué dans l’instant. Il nie l’existence du reste. Réfléchissez trente secondes, vous entrez nécessairement dans l’une de ces catégories. Ou bien libre à vous de créer la votre.
Les Smith Westerns, eux, sont des vieux cons bien dans leur époque. Des vieux cons d’environ 20 ans en somme. Des gosses de Chicago dont le premier disque fut sans doute un album de Chicago, piqué au papa, lui-même ancien guitariste qui rêvait d’une carrière dans le Rock. Chiacgo, mais aussi Bowie, T Rex, les Kinks, les Ramones, Oasis, les Smiths, Dylan, les Stone Roses, les Charlatans, les Pastels, Pavement… Que des artistes ou des groupes morts donc, d’une façon ou d’une autre. Des vieux cons, on vous disait. Mais des vieux cons qui ont compris que le rétro n’était pas plus une fatalité qu’un déguisement. Que le son du moment peut aussi bien s’ancrer dans le temps présent que dans une pose soigneusement étudiée. S’il n’existe aucune « musique de notre époque », si aucun style ne définit l’instant présent, 2013 n’a pas plus de couleur musicale que 2012. La pop, puisque c’est bien de cela que l’on parle, ne bouge plus depuis des années. Parce que ses codes sont arrêtés, qu’ils ne changeront pas et ne doivent pas changer. Le secret numéro un de la pop ? Une bonne mélodie. Et pis c’est tout.
Une fois cette seule et unique consigne soigneusement intégrée, ne reste plus qu’à l’écrire, ce refrain qui te rendra célèbre, qui fera pleurer les filles et leur mec avec, et qui te donnera le sentiment que tout est possible. Ce troisième album des Smith Westerns, vous le connaissez déjà et pourtant, il va vous surprendre. C’est le même que le premier et le deuxième. Soft Will, c’est Definitely Maybe, c’est Space Oddity, c’est 13 Tales From Urban Bohemia, et c’est encore Unicorn, Some Friendly ou Face To Face. Des guitares sixties soignées, de la réverb’, le tout sonne délicieusement daté. Un problème ? Non. Bien faite, la pop de 2013 est la même que celle de 62, 77 ou 91. Nous sommes juste devenus un peu plus exigeants. Ou cons.