Chroniques

Queens Of The Stone Age …Like Clockwork

Il faut le voir jouer du piano sur le titre «  », tranquillement assis, un verre de rouge posé sur le bord de l’instrument, pour bien comprendre ce que voulait dire Josh Homme, quand il y a quelques années, il lançait sans prétention qu’il n’avait plus rien à prouver musicalement. Il est vrai qu’il est assez inhabituel et déroutant de le voir ainsi, alors que pendant près de quinze ans, il a réussi à envoûter les pires rouquinophobes, debout, guitare à la main, de son talent pour créer les meilleurs riffs du rock et du hard-rock contemporain.

Quand il affirme qu’il n’a plus rien à prouver, il veut dire qu’il a pondu, comme ses pairs les Alice Cooper, Ozzy Osbourne, Lemmy et autres, un sacré paquet de grands morceaux. Pensez à «  », «  », «  », «  », «  », « », «  », sans oublier la période Kyuss avec «  ». Grosso modo, il veut nous laisser entendre qu’il n’y a plus aucun doute sur le fait qu’il est à la fois un excellent guitariste et un très bon songwritter. À la différence tout de même, que ses idoles, passé ce cap fatidique, au mieux plongent dans le néant des actualités people qui sentent la vinasse et les bimbos en plastique, au pire enregistrent des albums sans âme ni intérêt, si ce n’est de payer leur villa hollywoodienne et les cures de désintox de leurs sales rejetons. La vieillesse et ses caricatures…

Le temps révélera peut-être ses failles -ce fut déjà le cas lors de son fricotage d’une relative banalité musicale avec John Paul Jones et Dave Grohl sous Them Crooked Vultures, mais à ce jour, et …Like Clockwork le prouve, la force de composition de Homme dans son groupe est intacte. Certes, on n’y trouve pas les hits habituels du californien, à savoir les morceaux frénétiques à grosses guitares et aux rythmiques imposantes qui rentrent dans la tête, même si le single, « My God is the Sun » pourrait rentrer dans cette catégorie. Mais le son, l’atmosphère lourde et psychédélique des Queens Of The Stone Age, quant à eux, sont toujours présents. « I Sat by the Ocean » rappelle la période Lullabies To Paralyze et « Keep your Eyes Peeled », celle du cinquième album aux sonorités plus sombres Era Vulgaris.

Pour ce qui est du reste, les fans du martelage métallique, s’ils n’ont pas plus de sensibilité musicale, passeront vite fait à autre chose en vociférant leur haine du changement, un peu comme les houellebecquiens après la lecture de La Carte et le Territoire. Avec …Like Clockwork, Homme, fort heureusement pour nous, cherche un peu plus loin que dans ses marottes et se lance dans des compositions toujours aussi bonnes, mais plus travaillées, complexes dirons-nous à défaut de vraiment les qualifier de pop. Il y a donc des jolies choses au piano (« The Vampyre of Time and Memory », « Kalopsia »), des changements de rythmes et de structures (« Fairweather Friends ») et des chansons plus calmes et lancinantes (« …Like Clockwork »). En clair, l’objectif n’est pas de s’amuser à faire des pop songs plus ou moins faciles ou radio friendly comme « Make it wit Chu ».

Étonnamment, on peut dire que …Like Clockwork est à l’opposé de l’excitation de l’attente et du battage médiatique qu’il a généré. C’est un album discret. Aussi discret que la liste d’invités, des habitués Alain Johannes, Dave Grohl, Mark Lannegan aux profanes Jake Shears et Elton John. Aucune de leur touche stylistique, aucun trait de leur personnalité ne vient dénaturer l’essence même de QOTSA, si bien qu’on douterait presque de leur présence sur les chansons. Les seules choses misent en avant sont les chansons elles-même, et en toile de fond, Josh Homme. On le savait seul maître à bord, mais on le ressent encore plus aujourd’hui. En fait, en y réfléchissant bien, on a tout simplement devant nous le premier album solo de Josh Homme, et mine de rien, c’est quelque chose d’assez excitant.

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