Chroniques

The Postal Service Give Up

Petit rappel des faits : en février 2003, Sub Pop sort Give Up. Derrière cette petite pépite, un groupe du nom de The Postal Service, une brillante association de bienfaiteurs de la pop. À ma gauche, Jimmy Tamborello, de Dntel et Headset. À ma droite, Ben Gibbard, pas encore ex-Monsieur Zooey Deschanel mais déjà chanteur de Death Cab For Cutie. Une rencontre placée sous le signe des accords mineurs et des mélodies majeures. Une alliance de grande classe, pour un album d’une beauté pure, limpide. Dans un premier temps, la chose ne fait pourtant pas grand bruit en dehors d’un cercle d’initiés. Puis, lentement mais sûrement, Give Up devient l’une des meilleures ventes de Sub Pop, atteignant même le million d’exemplaires écoulés aux États-Unis. Voilà pour le CV. Concernant un éventuel deuxième album, la rumeur court depuis 2007.

Passons sur le travail de remastering mis en avant par le label. C’est bien foutu, mais rien qui ne justifie une réédition. De même, il nous semble inutile de s’attarder sur les qualités de cet album de synth-pop intello que l’on connaît par cœur (et vous aussi sans doute et si ce n’est pas le cas, barrez-vous pour y jeter une oreille, on en reparle plus tard). De « Such Great Heights », à « We Will Become Silhouettes » en passant par « The District Sleeps Alone Tonight », tout est là, et rien ne sonne daté. On tient toujours là certaines des plus belles chansons des années 2000. L’inconnu réside d’avantage dans le second disque, qui contient une bonne quinzaine de titres. Oui, c’est beaucoup, et il y a du tri à faire.

Passons sur ce qui n’est pas made in Postal Service : inclure ici des reprises des Shins (potes de label) ou de Iron & Wine, aussi belles soient-elles, c’est bon pour l’ego, mais on est dans le domaine de l’anecdotique. Il en va de même pour les remixes, signés Matthew Dear ou John Tejada. En revanche, on rit et on applaudit (en même temps) quand on tombe sur une reprise du « Against Oll Odds » de Phil Collins. C’est malin, et surtout, c’est carrément bien fait. Une face B comme on les aime. Tout comme cette version épurée de « Recycled Air », avec Gibbard uniquement accompagné d’une guitare, prouvant une nouvelle fois qu’un bon morceau passe l’épreuve des versions et se suffit à lui-même. Ailleurs, en vrac : une face B romantique et accrocheuse, qui ne paie pas de mine mais se fraye un chemin jusqu’à notre tête (« Be Still My Heart »), mais aussi « Grow Old With Me », titre bâclé, même pas mauvais, juste raté. Et surtout, il y a deux inédits. Le premier, « Turn Around », reprend là où Give Up s’arrêtait dix années auparavant. C’est du Postal Service vieilli, sans le charme des débuts, malgré (c’est bien la moindre des choses), ce refrain à faire chialer un mort. Pour l’autre, « A Tattered Line Of Strings », le constat est le même.

Bon, on résume : ceux qui ne connaissent ni le groupe, ni l’album (de plus en plus difficile, vu le nombre de festivals où ils se produisent cet été) peuvent y aller les yeux fermés. Les amateurs de la première n’auront guère besoin du deuxième disque (hormis quelques fanatiques). Bonne nouvelle : avec un seul album au compteur, le placard aux archives est désormais vide. La prochaine fois, s’il y en a une, on aura donc droit à un nouvel album. Pour l’instant, nous avons un grand disque, un bel objet, et une réédition respectueuse. Et c’est déjà pas mal.

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