Alors certes, ce personnage mi Johnny Depp-mi Soan de la Nouvelle Star vaut le détour (peut-être parce que le gars ose le fard à paupière à une époque où ça ne se fait plus). Pop Levi, né Jonathan James Mark Levy en Angleterre il y a 35 ans, n’a pas choisi son prénom d’artiste au hasard : la Pop (avec un P majuscule, s’il vous plait), Levi la chérit, la connaît sur le bout des doigts. La Pop dans toute sa diversité, des Smiths aux Who en passant par… Sigue Sigue Sputnik (plus pop qu’on ne voudrait le croire). Son joyeux bordel discographique, constitués de singles sortis de manière sporadique et de trois albums en cinq années en solo, c’est toujours un peu la même chose. Multi-instrumentiste et stakhanoviste, Pop aime brasser de l’air. Tout avait pourtant bien commencé, avec un premier disque, The Return To Form Black Magick Party (2007) brillant à tout point de vue. Son trop plein d’influences est joliment canalisé, et il livre un album nerveux, plein à craquer de tubes instantanés : le kitsch et explosif « Sugar Assault Me Now », le kitsch et explosif « Blue Honey », sans oublier le kitsch et explosif « Pick-Me-Up Uppercut ». Coup de bol, il tombe en pleine creux de vague outre-Manche : les médias anglais, jamais les derniers à porter le premier clampin venu aux nues, l’adoubent comme il se doit. Pop lévite.
En fait, eh bien… pas si longtemps que ça. Never Never Love, l’année suivante, déçoit. Même délire entre classic-rock et foire du trône, même prod’, mêmes gimmicks, les chansons et l’effet de surprise en moins. À peine consommé, Pop fait pschit. Et décide donc de faire n’importe quoi : une mixtape, un disque fantôme et des dates avec un mannequin d’American Apparel, entre autres choses sans grand intérêt. Pour preuve d’une cohérence nouvellement acquise dans sa carrière : ce troisième album est lui-même dénué d’un quelconque intérêt, et même d’un quelconque intérêt pour les gens qui aiment les choses dénuées de tout intérêt.
Entre recettes éculées et bribes d’idées, le rituel est étrange, à mesure que les morceaux s’enchaînent : un peu comme Zizou dans son vestiaire (mais si, : « c’est toujours la même chose, d’abord la chaussette gauche… »), Levi enfile d’abord ce son de basse, gras, ronflant. Puis quelques accords basiques, saturés mais « so coooool, y’know ». Et le chant nasillard au service de refrains fatalement bâclés. On croise Prince, Marc Bolan et Iggy Pop, et c’est peu dire qu’ils font la tronche : Pop Levi est aussi maniéré mais peine à faire entrer l’auditeur dans son jeu, les clichés rock s’enchaînent dans une telle absence de conscience de soi que ça en devient gênant. Triste de voir cette carrière passer aussi rapidement du statut de Next Big Thing à celui de Star Jetable. Il aurait pu laisser l’exclusivité de la daube-qui-en-fait-trop à ses quasi-homonymes Marc, Élisabeth et Bernard-Henry, mais non, fallait encore qu’il se fasse remarquer.