Il y a définitivement quelque chose de pourri chez les Pixies. D’abord, il y a eu cette reformation en 2004, pour ce qui s’apparentait il y a encore quelques semaines à une tournée sans fin. Les Pixies, devenus cover-band de leur propre catalogue ? Au moins, il n’ont jamais caché la vertu première de cette reformation : la thune. Et au vu du bilan des courses, on comprend mieux : en un peu plus de 300 concerts, Black Francis & Co ont engrangé pas loin de 75 millions de dollars de bénéfices (ça en fait, des tacos). Ouais ouais. Pas de quoi crier à l’infamie, le monde va bien assez mal pour ça. Mais ça, c’était jusqu’à la sortie de « », premier single inédit depuis l’abject « » en 2004, lui-même rompant un silence de près de quinze années (Trompe Le Monde, 1991). « Bagboy » donc. Où l’on retrouve tout le monde sauf Kim Deal (pas con, l’idée ambigüe de la nana qui fait les choeurs), qui a quitté le groupe et préfère se consacrer aux Breeders, en ce moment-même en tournée pour les 20 ans de l’album Last Splash. Les anciens ont la peau dure.
« Bagboy », c’est une bonne nouvelle, ne figure pas sur mis en ligne hier à la surprise générale et sobrement intitulé EP 1. Quatre titres, c’est bien assez au vu de la teneur de cette livraison. Enregistrée sans Kim Deal. Sans la nana qui a écrit « » et « ». Et surtout, on se demande pourquoi l’idée d’un nouveau disque a émergé, alors que les concerts affichent complets grâce aux classiques de toujours. Et bien malgré tout, mesdames et messieurs, voici quelques nouveautés. « », tout d’abord, fausse balade mais vrai single. Au départ, une ritournelle, puis un exutoire pour le très énervé Frank, et, quelque part, une pop song. Léger et gras du bide à la fois, ce morceau souffre surtout d’un sale défaut : on y recycle des gimmicks épuisés depuis plusieurs décénnies.
Sur « Andro Queen », même constat. Plein de réverb’ et de bonne volonté, le tout est salopé par la perpétuelle envie de beugler d’un Francis loin d’être au top. Dommage, il y avait là une mélodie sans faille. Tout l’inverse de « Another Toe In The Ocean », sans finesse ni charme, qui tente maladroitement de renouer avec un passé plus glorieux. Enfin, « What Goes Boom » mettra vos nerfs et vos enceintes à rude épreuve.
Comme nous le disions plus haut, les Pixies ne sont pas les seuls à faire fonctionner à plein tube la cash-machine de la nostalgie. Ils ne sont pas les premiers et ne seront certainement pas les derniers. En revanche, la question qu’ils nous obligent à nous poser, c’est celle-ci : pour les Pixies, que sont les fans ? Une meute décérébrée disposée à tout accepter de la part de son gros doudou générationnel ? On vous donnera la réponse si l’on arrive à pincer Black Francis lors de leurs concerts à Paris à la fin du mois. Comme le dit si bien Christine Boutin, autre moule accrochée au rocher du bon vouloir de son public : « Rires ! Si ce n’était pas triste à pleurer ».