Chroniques

Petit Fantôme Stave

Comme tout un chacun, le 1er Mai, on en ramait pas une. Temps pourri et aucune envie de se bouger le cul. On checkait Facebook, les yeux pas vraiment en face des trous. Un ami au bon goût certifié postait alors , qui proposait une mixtape toute neuve à télécharger. Son auteur ? Un certain « petit fantôme », déjà à l’œuvre sur Yallah, un maxi foutraque qui ne nous avait guère accroché les oreilles (dispo en téléchargement à prix libre ). On apprend qu’il fait partie de Frànçois & The Atlas Mountain, qui nous ennuyait franchement. Un mélange de curiosité, de paresse et de confiance amicale nous poussait quand même à télécharger la chose, histoire de tuer le temps, et grand bien nous en a pris. Trente-cinq minutes plus tard, le charme avait plus qu’opéré.

On s’est donc d’abord retrouvé sur le site spécialement conçu pour Stave, nom de baptême de ce cadeau digital. Joli, le site. Pétaradant de couleurs, montages dignes d’obscurs tumblr, avec en bonus les paroles, souvent intrigantes, des différents morceaux. De quoi s’occuper le temps du téléchargement, donc. Mention spéciale à ce format novateur.

Musicalement, la chose est clairement divisée en deux parties distinctes. Les cinq premiers titres nous emmènent dans un univers onirique, proche en ce sens des compositions de Frànçois, mais à des altitudes toutes autres. La voix y est suraigüe, rapprochant l’organe de Pierre Loustaunau de ceux d’Antony ou James Blake. D’autant que ces deux gugusses s’y connaissent en matière de compositions léchées et éthérées. Claviers distordus, beat cosy, l’ouverture « Peio » nous fait juste nous sentir bien, comme emmitouflé dans une bonne vieille paire de charentaises. Le garçon ne nous le cache pas : « Ici c’est chez toi ». Cette première partie est tellement douce que l’on suspecte ses clopes d’être aromatisées : chœurs et claviers tout en douceur, ambiance aquatique (l’intro de « Être honnête »), un peu de dubstep et de vocoder, un mélange linguistique détonnant (du français bien sûr, mais aussi du basque et … quoi encore ? Du tahitien ? Italien ? Corse ?) font que l’on est déjà conquis. Une première partie comme un rêve.

L’ami Pierre reviendra sur ces ambiances dans une seconde partie pourtant beaucoup plus rock. On est même surpris quand attaque « Redevenir » et son rock limite garage, justifiant à lui seul le remerciement des voisins J.C. Satàn en fin de site (qui fait office de livret). Il raconte qu’il « (s’)en branle de faire des bonnes chansons ». Bah merde alors. Il va faire quoi quand ça va l’intéresser ?

Les morceaux suivants alternent donc entre rock nerveux et piano-voix sans qu’à aucun moment l’on soit surpris par tel ou tel choix. Tout coule naturellement. Une prouesse, on vous dit. Des claviers à la Jean-Mimi Jarre ? Ça passe. Un riff pour nous prendre à la gorge ? Toujours rien à redire. Un coup de batterie ou de bongo subit ? Nan, nan, c’est bon. Ah ça, on se doutait bien que les fantômes étaient naturellement dotés de pouvoirs (vous traversez les murs vous ?). Aussi « petit » soit-il, cet « homme sans courage » (tel qu’il se définit sur … « Un garçon sans courage »), ses fantômes sont bien présents. Au point qu’on lui pardonnera même cette fin en eau de boudin. Comme un réveil subit et subi, un dur retour à la réalité. La date était la bonne : cette mixtape était à prescrire à tout syndicaliste en colère. Tant pis pour eux.

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