Chroniques

Parquet Courts Light Up Gold

On dit souvent que New-York, la cité qui a vu grandir Patti Smith, dles Ramones ou Television, incarne la quintessence du rock américain. C’est sans doute vrai : ce genre de rock, ni très propre ni très consciencieux, a parfaitement synthétisé tout le mal-être et toutes les revendications d’une génération avec un son à la fois cool et craspec, anxieux et nonchalant. Si l’on a longtemps fantasmé ce rock (encore plus depuis le début des années 2000 et la horde de sosies plus ou moins avariés des icônes du genre), on dispose aujourd’hui de quelques raisons de se réjouir. Et bizarrement, c’est du Texas qu’elles nous parviennent, les raisons. Avec plus d’imagination que de bon sens.

En dépit d’un artwork témoignant d’un goût prononcé pour l’Amérique profonde et ses rodéos, l’odeur de ses ranchs et, pourquoi pas, les films de Clint Eatswood, Parquet Courts n’a en effet rien de fondamentalement texan – les deux leaders, Austin Brown et Andrew Savage ont d’ailleurs déménagé à Nouillorc pour former le groupe. Ça se voit un peu partout, de leur look (lunettes et chemises arty) à leurs photos de presse. Et ça se confirme dès l’inaugural « Master Of My Craft » dans ce côté expéditif (plus de la moitié des morceaux ne dépassent pas les deux minutes) et cet attrait pour les riffs amochés et nerveux. Le rock exaspéré de Parquet Courts ne laisse aucune place au doute : Light Up Gold (successeur du scandaleusement introuvable en France American Specialities) doit autant aux guitares anguleuses de Television qu’au romantisme désabusé des Feelies. Un tel héritage aurait pu écraser l’ambition de Parquet Courts, réduire ce premier album à un pâle ersatz, mais il n’en est rien. Dans cet art d’enchainer les titres dans l’urgence, comme s’il s’agissait à chaque fois d’un cri qu’ils ne pouvaient retenir plus longtemps, les quatre jusqu’au-boutistes, pas encore matures, plus vraiment ados, tournent à plein régime.

Cette assurance, on la prend en pleine face, non seulement grâce à ce chant à la redresse, à des guitares plaintives et primitives comme on n’ose plus en faire, mais surtout à une poignée de tubes à cran (« Borrowed Time ») ou amers (« Yonder Is Closer To Ther Heart »). Ici, le résultat est souvent brut, pue la sueur, comme un hommage aux mélodies étriquées, naïves, voire instinctives des artistes cités plus haut. Et les défauts d’un premier effort dans tout ça ? À oublier. Light Up Gold est bien plus qu’un simple coup d’essai, c’est une franche réussite.

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