L’histoire commence comme toutes les histoires pop. Deux potes décident un jour de tromper l’ennui en formant un groupe, y voyant là l’occasion de tromper également leur meuf. Sam Fryar et Chilli Jesson n’ont pas la gueule de l’emploi, mais la sauce prend, d’une manière ou d’une autre. La suite, on la connaissait avant même de la savoir : le garage laisse place aux clubs, qui laissent place à une poignée de bonnes critiques, qui amènent des salles moyennes, puis le NME, dont les deux grandes passions sont plus que jamais le buzz et l’onanisme.
Premier single, « » donnait le ton. Et brillait justement par son absence de propos et surtout son absence d’âme. Les guitares des Libertines, le chant d’un Strummer, à moins que ce ne soit l’inverse. Un joyeux cafouillage convoquant le meilleur de l’Angleterre, mais qui, à force de tirer tout le jus, se retrouve seulement avec les pépins. Pire : pas l’ombre d’une mélodie à se mettre sous la dent, même pas un petit couplet, rien. Ce qui, quand on est Anglais, est pour le moins embêtant (et honteux). Invoquons la jeunesse (qui doit bien se faire) pour ne pas leur en tenir rigueur. Et souvenons nous, au hasard, du premier single des Stone Roses, « So Young », et de ce qu’ils firent par la suite. Deux mondes bien distincts.
Mais la comparaison s’arrête là. Les Palma Violets n’ont ni la grandeur de leurs aînés, ni la classe, encore moins le talent, et sûrement pas la chance. Ils n’ont rien, en fait, pour faire simple. Si nous devions les ranger quelque part, ce serait en bas du tableau de la Ligue 2. Tout en bas. Car oui, avec leur premier album, « 180 », le quatuor réussit plusieurs exploits. En vrac : être moins mélodique que The View, plus gras que Hoggboy, plus con que Reverend & The Makers, plus branleur que Hard Fi… On en passe et pas des moindres. Si on nous collait un flingue sur la tempe et qu’on menacait de faire du mal à notre petite soeur, éventuellement, par pur humanisme, on oserait sauver un titre : « », seul morceau qui, avec sa rythmique de guitare et sa plage d’orgue, parvient à produire une petite émotion. Rien de plus. Sur ce disque aux titres tous un peu pareils, sans ampleur, sans faire de vagues, Palma Violets réussit un double exploit : niquer une bonne grosse part de crédibilité d’un label que l’on croyait pourtant hors d’atteinte (Rough Trade, c’est tout de même les Smiths, The Fall, Adam Green, et, heu, Métal Urbain) et surtout enterrer une carrière à ses balbutiements. Le NME, lui, s’en cogne pas mal, ils nous font le coup du groupe dont tout le monde a besoin à peu près chaque semaine. Pas de bol : nous sommes devenus méfiants. Les Palma Violets, eux, s’en moquent également pas mal. Ils sont déjà cramés.