Chroniques

Painted Palms Forever

Chez , on soutient carrément que Forever, premier album des californiens de Painted Palms, n’est pas un album taillé pour janvier. Ils parlent plutôt d’un « disque d’été ». Et on ne peut pas vraiment leur donner tort. Sauf que toute la contradiction de ce premier effort réside bien ici : les mélodies qu’il révèle passent tout autant pour de timides rayons de soleil d’un matin d’hiver. Du genre qui se transforment en fanfare multicolore au contact de la neige. Forever, c’est de la poésie à deux vitesses.

Derrière Painted Palms, se cachent les cousins Reese Donohue et Christopher Prudhomme. Deux jeunes Américains qui grandissent ensemble en Louisiane. Et si Internet a permis de briser les distances, nos deux loustics l’ont bien compris. Quand Donohue déménage en Californie pour ses études, de longs échanges par mail naissent de la contrainte. Une manœuvre dans l’air du temps. De petits bouts de chansons voyagent alors entre l’un et l’autre. On devine des sourires discrets, mais complices, que leurs laptops respectifs dissimulent. Parce qu’il y a beaucoup de pudeur au final chez Painted Palms.

Ce premier album est l’aboutissement d’un apprentissage. C’est pour cette raison que Forever va bien au-delà des liens du sang. Il renvoie à l’histoire de mecs timides qui se découvrent une histoire commune. Et le titre le plus représentatif de cette union est « Soft Hammer ». De l’épique mesuré pour un assemblage calibré. Des collages DIY qui parlent à l’un comme à l’autre. Comme quand les guitares de Donohue sont à l’écoute des lignes de chants de Prudhomme. On se régale de cette synthèse entre pop des sixties et production contemporaine, le tout reposant sur des boucles électroniques. On est donc bien loin des turbulences relationnelles à la Breaking Bad. Et pourtant, le résultat avoisine lui aussi cette perfection chimique. Et reste toujours cette légèreté, ce parti pris naïf, qui vous tient par la manche comme un vieux copain.

Tout se bâtit petit à petit. On retient certains couplets comme de grands refrains. « Too High », « Forever » et « Empty Gun » en sont de parfaits exemples. Où l’on croise, tour à tour, les Beatles, The Beach Boys, Tame Impala ou encore The Big Pink. Du point de vue du texte, bien qu’il soit souvent lourds de sens, on ne tombe jamais dans le larmoyant. Sur « Angels », notamment, Prudhomme se raconte avec sincérité, sans jouer la carte de la complainte. Aisance qui lui vient sûrement d’un sentiment de sécurité apporté par son binôme.

Ce n’est qu’à partir de 2009 que Donohue et Prudhomme se sont vraiment mis à jouer ensemble, pendant les vacances d’hiver. Est ensuite venu le temps d’un premier EP, Canopy, qu’ils ont laissé aux mains du géant Internet. Puis, Kevin Barnes découvre le duo peu de temps après. Il les invite alors à accompagner Of Montreal sur quelques dates. Et c’est là que tout s’enchaîne. Canopy est réédité en 2011 par Secretly Canadian (label d’Antony and the Johnsons et Major Lazer). Et pourtant, jamais Painted Palms n’a brûlé les étapes. Le duo a su trancher avec franchise pour que Forever puisse éclore au moment voulu. Forever est un disque hors saison. Il ne tient qu’à vous de lui donner la direction qui convient.

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