Vous pourrez ne pas être d’accord, mais le meilleur album de Mogwai est, pour l’auteur de ces lignes, Mr. Beast, paru en 2006. Coup de bol donc, ce n’est pas à celui-ci qu’une poignée d’artistes se sont attaqués, mais à Hardcore Will Never Die, But You Will, dernier en date paru en 2011. Nous n’avons donc pas affaire à un nouveau Mogwai, mais bien à dix remixes, ni plus ni moins. Et c’est avec une bonne dose de scepticisme que l’on accueille la chose : d’abord parce que les albums constitués uniquement de remixes, ça intéresse qui ? Et ensuite, tout bêtement parce qu’on ne touche pas à Mogwai. Jamais.
Sauf que là, ça peut aller. Dans le pire des cas, on évolue dans le registre de l’anecdotique, mais le résultat n’est jamais embarrassant. Quand The Soft Moon retape « San Pedro », on a affaire à du Soft Moon pur jus. Le son se fait plus distordu, urgent. Mention bien mais pas de quoi se relever la nuit.
Cela dit, A Wrench Virile Lore, ce n’est pas que ça. C’est aussi treize minutes de « La Mort Blanche », revu par l’anglais Robert Hampson, tête pensante du groupe Loop et ici auteur déglingué de ce qui s’apparente plus à une longue épopée live. « George Square Thatcher Death Party », entre les mains de Justin K. Broadrick, s’éloigne suffisamment de l’original pour avoir sa propre existence, de même pour le « Rano Pano » de Tim Kecker, noyé dans la réverb’. Tout deux prennent le parti de sortir de la route toute tracée, sans perdre de vue le point d’arrivée.
Un album de remixes donc (du dernier album de Mogwai, encore une fois. Drôle d’idée). On conseillera bien évidemment l’écoute de l’original à ceux qui seraient passés à côté. A Wrench Virile Lore, finalement, n’est rien de plus qu’un gadget, un détail, mais qui fera tout le sel de l’expérience pour le fan : un peu comme le disque additionnel de Red Dead Redemption (#salutlesgeeks) qui permettait de se défouler sur des zombies en plein far west. On pourra pester contre l’absence de « You’re Lionel Richie » (CE TITRE !!) alors que « Rano Pano » figure en deux versions différentes. On pourra aussi regretter que sur ces dix chansons, seul le travail de Klad Hest, transformant ledit « Rano Pano » en plein trip 8-bit, retiendra notre attention passée la première écoute. Une écoute globalement pas désagréable, certes, mais qui laisse tout de même un goût d’inachevé et de superflu. Hardcore…, était un bon shot de whisky, quand A Wrench… n’est rien de plus qu’un verre de flotte du robinet.