Chroniques

Miles Kane Don’t Forget Who You Are

L’Angleterre a l’habitude d’accoucher de deux sortes de rockstars. Les premières sont chaque semaine à la une des tabloïds, moins souvent pour leur musique que pour leurs petites phrases destinées à faire couler de l’encre. Et finalement, les angliches leur pardonnent toutes leurs conneries, tant que les disques suivent (et même quand ce n’est plus le cas, d’ailleurs). Dans cette catégorie, le champion se nomme évidemment Liam Gallagher, auquel le NME.com doit sans doute la moitié des clics.

Mais il y a aussi les Chris Martin, les Kele Okereke, les Alex Turner… On les connaît pour leurs chansons, moins pour leurs saillies destinées à leurs voisins dans les charts. Pas bien grave, tout cela n’est que du divertissement après tout. De la pop. Et ça, Miles Kane l’a bien pigé. D’ailleurs, Miles Kane a pigé tout un tas de choses. La première étant qu’il vaut mieux être seul que mal accompagné. Les Rascals, c’était chouette, mais passé «  », nous n’aurions pas prédit un quelconque futur à ces jeunes gars dont Kane était le leader. Alors que The Last Shadow Puppets, projet mis en branle avec son pote Alex Turner, ça avait tout de même de la gueule. Une classe et audace que les parcours des deux gusses n’avaient pas laissés imaginer. Et au moment de passer en solo pour de vrai, sous son propre nom, rien à dire non plus : son premier album, Colour Of The Trap (2011) est rempli de bonnes chansons, si bien qu’il a placé Miles Kane sur la carte des singer-songwriters. Bref, le gars à une sacré win ces dernières temps.

Deux années plus tard donc, à peine le temps de souffler entre deux tournées, que le grand gars (savant mélange entre McCartney et Johnny Marr, et un léger strabisme en touche personnelle) relance la machine. Avec un nouvel album qui sonne un peu comme le premier. Les mélodies sentent bon les années 60 (« Don’t Forget Who You Are » et ses lalalala ultra référencés), et même un peu plus le renfermé (« Better Than That » et son riff daté), sans oublier ce pour quoi l’artiste pop anglais est fait : composer des putains de chansons pour les stades et les filles qui vont dedans (« Out Of Control », « Fire In My Heart »). Plus surprenant, alors que par le passé, Miles Kane le gentil ne laissait que peu de place pour Miles Kane l’énervé (sauf sur le premier single «  »), ici, c’est l’inverse qui se produit. « Bombshells », « Tonight », « You’re Gonna Get It » : difficile de ne pas voir dans ces morceaux le prolongement naturel de ces derniers mois passés sur scène.

Miles Kane est un élève modèle. Un mec qui sait écrire des chansons, déjà, mais surtout qui ne se cache pas derrière son petit doigt ou un ego de façade. Oui, d’autres ont fait mieux avant, d’autres feront pire après, mais la pop reste la pop, et celle de Miles Kane ne demande pas à être réinventée. Hormis quelques références mal digérées, Miles Kane a tout compris, et bizarrement, on en vient presque à regretter l’absence de faux pas. Les erreurs sont parfois tout aussi belles.

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