Chroniques

This Many Boyfriends This Many Boyfriends

Ils peuvent chanter, faire ou citer qui ils veulent, This Many Boyfriends écrivent de sacrément bonnes chansons. Cet album provoque son petit lot de tensions ici-même, chef-lieu de la province des Découpeurs de Cheveux en Quatre : dieu que ces morceaux sont bons, mais on aurait bien entendu ça quelque part, non ? Les références ne manquent pas : The Cribs, The Pastels (on y reviendra), The Pains of Being Pure At Heart, Morrissey. Et puis, notre quintette du nord de l’Angleterre (Leeds, pour être exact) abuse quelque peu de signes de ponctuation dans les titres de ses saillies romantico-eighties, mais bon.

Le premier vers de la première chanson de leur premier album peut se lire comme une déclaration d’intention : « You love pop songs about love more than being in love in the first place ». Baryton tendance Ian Curtis et le flow cinglant à la Morrissey, Richard Brooke a un profil à faire mouiller plus d’une culotte outre-Manche. Moins pleurnichard et plus rigolo que The Pains of Being Pure At Heart, avec leur sens de l’humour très angliche, TMB ose des chanson titrées « I Don’t Like You (‘Cos You Don’t Like The Pastels) ») ou « (I Should Be A) Communist » (à moins que ce ne soit pas de l’humour, auquel cas vous pourrez retourner tous les arguments de la présente chronique contre nous). Richard plaque sa copine parce qu’elle n’aime pas les Pastels, et il déclare « Je devrais être communiste, j’ai essayé, j’ai raté. Je suis bien trop décadent ».

À part ça, This Many Boyfriends est terriblement fun (et les paroles, les genres, les références, on s’en fout hein?). Deux accords par chanson, ça sautille, il y a des « oh oh » quand il faut, des séquences d’arpèges à la Johnny Marr quand il faut aussi. « I Don’t Like You (‘Cos You Don’t Like The Pastels) », c’est TMB au summum de l’absurdité (et c’est donc la meilleure chanson de l’album). Sorte de pastiche punk entraînant où Brooke monologue : « I didn’t leave when you said you didn’t like Springsteen / I didn’t even flinch when you said you hated the Go-Betweens / But what you said about Baby Honey was truly unforgivable, so I had to cry / I don’t like you cos you don’t like the Pastels ». Délicieusement snob et adolescent. « Young Lovers Go Pop ! » est ce qu’il y a de plus ambitieux sur ce disque, avec son refrain scandé et ses chœurs.

This Many Boyfriends est en fin de compte un album écrit no matter what : ils ne cachent pas leur voix ni n’enterrent leurs paroles sous des kilomètres d’écho (ça fait tout de suite moins mystique) et leurs références, ils les assument pleinement (au point d’en parler dans leurs chansons).

Le C86, l’indie anglais de l’époque, c’est resté quelque chose de culte, mais ça n’a jamais vraiment explosé à l’époque. Alors, s’il n’y a aucune raison que This Many Boyfriends inverse le cours de l’histoire en 2012, autant prendre nos nouveaux copains de Leeds au pied de la lettre : plaquez votre copain/copine qui déteste les Go-Betweens et allez aimer quelqu’un qui en vaut vraiment la peine. Ok ? 

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