Diplo est un mec difficile à suivre. Un mec que beaucoup connaissent surtout parce qu’il ne se sépare jamais de son Blackberry, et que d’autres ont sans doute déjà entendu sur la plage de St Jean Cap Ferrat parce que son remix de Gangnam Style est tellement meilleur que l’original du coréen. Sinon, depuis 2003 et sa première mixtape, le mec a à peu près tout fait. Il a bossé, remixé, produit, soutenu, taillé, découvert, suivi à peu près tout ce que la sphère pop (au sens large) compte aujourd’hui de talents et d’espoirs. Au départ, Major Lazer était d’ailleurs le terrain de jeu de Thomas Wesley Pentz et de son pote Switch, désormais absent de l’équation.
Voici donc ce nouvel album de Wesley Pentz aka Diplo aka Major Lazor donc, projet aux sonorités jamaïcaines et aux accents reggae. Bon, on ne va pas se le cacher : sur le papier, ça n’a pas grand chose d’excitant, le reggae et le dancehall électroisés. Mais pourquoi, dans ce cas, consacrer une chronique à Major Lazer ? Bah parce que tout influencé par les sunlights des tropiques qu’il est, Free The Universe n’en est pas moins un album de pop.
Le casting, d’abord. Un petit vrac quatre étoiles : Santigold (sa grande copine), Amber des Dirty Projectors (pour le meilleur titre, et de loin, « Get Free »), Flux Pavillon, Elephant Man, Bruno Mars (gros tocard y compris quand il bosse avec les autres), Wyclef Jean (un nouveau Fugees, c’est si compliqué ?), Ezra des Vampire Weekend (pour le deuxième meilleur titre de l’album, « Jessica »), Peaches, Ms Dynamite… Beau casting. Et il y a même Shaggy. Shaggy. Profitez donc de cette fin de paragraphe pour vous remémorer « It Wasn’t Me », rire un bon coup, et on parle des chansons juste après.
Le grand talent de Diplo est ici de séparer les ingrédients, pour mieux les mélanger, et servir en fin de compte une tambouille de qualité. On se perd parfois, comme sur l’inutile « Keep Cool », qui ne va nulle part. Le morceau difforme « Sweat » rappelle les pires heures de l’album // / Y / de MIA tandis que « Reach For The Stars » n’a de brillant que le titre. Mais on ne cache pas notre bonheur quand Major Lazer signe l’un des prochains grands tubes de nos après-midi transats : « Scare Me », l’une des choses les plus réjouissantes et les plus décomplexées que l’on ait eu l’occasion d’entendre en 2013. Car c’est là, malgré ses défauts, la force de ce deuxième album : Diplo n’en a rien à foutre de rien. Il invite qui il veut, et cela peut donner de vrais merveilles (« Get Free » et « Jessica », encore une fois, aux mélodies belles comme le jour et à la richesse à chaque écoute plus évidente). Loin de se dorer la pilule sur l’autel d’une carrière accomplie, ce mec ne semble même pas envisager ses choix comme des risques : après tout, quand on prend autant de plaisir, pourquoi se poser des questions ? Free The Universe n’est rien d’autre qu’un petit bout de soleil, un truc éphémère, dont on ne parlera plus l’été passé.