Chroniques

Lana Del Rey Born To Die: Paradise Edition

Pendant de longs, de très longs mois, il n’y en a eu que pour elle. Personne n’a pu échapper aux interminables discussions sur Facebook et Twitter au sujet de ses lèvres refaites, de son vrai-faux premier album, de son vrai nom ou encore de ses concerts pas franchement au top de la pop. Qu’on le veuille ou non, Lana Del Rey est l’une des grandes révélations de ces dix dernières années : avec une exposition médiatique si soudaine qu’elle a eu pour effet principal de l’exposer au joug des haters. On ne reviendra pas là-dessus, personne ne changera d’avis sur Lizzy Grant (et personne semble en avoir envie). La flamme brûlante de la hate s’est d’ailleurs ravivée récemment  : un concert à l’Olympia trop cher (et malgré tout sold out en deux minutes) et une carrière loin d’être finie, contrairement à ce qu’elle aurait déclaré. Lana Del Rey qui arrête la musique ? Comme pour James Blunt, Phil Collins et les autres, il fallait tout de même être bien naïf pour y croire.

Au total, c’est presque un nouvel album qui nous est « donné » (pour la modique somme de 39 euros, si votre cœur penche pour le coffret), avec ces neuf nouvelles chansons. Un disque produit pour trouver sa place sous le sapin de Noël (sa seule raison d’être) : sans suspens, c’est du Lana Del Rey pur jus. Pas de revirement hip-hop, pas de nouvelle approche. Juste des nouvelles chansons de l’interprète de « Video Games ».

Ça a été écrit il y a un an, et on le redit : Born To Die, l’album en question (parce qu’il y en a un, derrière ces deux ballons labiaux) est très réussi. Peu de chances de la voir obtenir un prix pour ses textes, « my love gnagnagna », « sweet gnagna », dans une veine cul-cul à la limite de l’irritant, et qui ne facilite pas non plus l’immersion dans ce disque pop et élégant jusqu’à la moelle, bien orchestré et magnifiquement interprété. « Video Games », « Summertime Sadness », « Off To The Races », « Radio »… Des tubes en pagaille, des CHANSONS. Nous te voyons venir, toi là-bas, le cancre du fond de salle : « Hey mais c’est même pas elle qui les a écrites ! ». S’il s’agit de vous, nous vous déconseillerons d’écouter l’édition dite « Paradise » de Born To Die.

Les autres y retrouveront « Blue Velvet », reprise pour la marque que vous savez (dont les représentants flamands sont de petits blagueurs). Ils y retrouveront « Ride », aussi épique que son clip de douze minutes. Et l’un des meilleurs refrains de 2012, celui de « Body Electric ». Mais aussi « Yayo », rescapé de l’époque où Lana s’appelait encore Lizzy : le morceau est dénudé, preuve que les orchestrations souvent un peu trop grandiloquente, marque de fabrique de Born To Die, ne sont pas là pour cacher la misère des chansons. Alors oui, c’est toujours un peu la même chose, les mêmes images reviennent (les bikers, Los Angeles, les boyfriends, les codes de l’Amérique des années 50). Mais que dire de cette voix, qui vous arrache le cœur si vous la laissez faire, de ce chant cassé, timide sur les couplets, qui prend invariablement en force et en ampleur surs les refrains. Et qui devient sulfureuse, comme sur « Gods & Monsters », qui n’aurait pas fait tache sur l’album original. Alors parfois, c’est franchement raté, comme « Cola », petit carnage sans refrain ni motivation. Mais cette « Paradise Edition » est glamour, enveloppée de violons, et ces histoires de mecs (tous des salauds), d’amour impossible s’intègrent pleinement dans un nouveau décor paradisiaque.

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