Chroniques

KISS Monster

Soupirs… KISS sort son vingtième album. Soupirs… La lassitude l’emporte. 3ème stade de l’overdose enclenché.

Bon, en même temps, les types ne savent pas faire autre chose de leurs dix doigts. Quand, dans les années 80, ils ont changé leur formule en faisant tomber les masques pour imiter les groupes de hair-metal à la mode, KISS (ou plutôt les deux seuls gusses rescapés de la formation originale, Paul Stanley et Gene Simmons) a rapidement pris conscience de son erreur. L’immobilisme, comme solution pour ne pas froisser le fan de la première heure, mais aussi pour le jeune public nostalgique d’une période qu’il n’a pas connu et qui vit ainsi dans l’illusion des seventies. Sauf que pour tous les autres, qui refusent de s’enrôler dans la KISS Army (les membres du fan club qui achètent, à coup de milliers de dollars, des goodies en tout genre), KISS, au moins dans les années 70, c’était un cirque wak’n’woll amusant, divertissant, parfois entraînant (sur ou par exemple). 
 
Au-delà de cette gérontophobie musicale totalement assumée, il est particulièrement difficile de dire du mal de KISS. Malgré ce titre (autoproclamé) de « greatest band in the world », ou l’existence de chansons coolos, comme « Rock And Roll All Nite », ce succès massif et surtout cette longévité laissent un sentiment d’incompréhension totale, et en particulier ici, en France, où la sauce n’a jamais vraiment pris. Il est difficile de dire du mal de KISS, aussi, car il est difficile de dire quoi que ce soit de pertinent sur leur musique : Monster est quasiment identique à Sonic Boom (sorti en 2009), qui lui ressemble de très près à Psycho Circus (1998), etc.
 
D’un point de vue économique, strictly business, respect corpo pour ces types qui ont réussi à créer l’entreprise la plus rentable de l’industrie musicale, et avec un business-model efficace dans un milieu en crise. Mais d’un point de vue musical, ce nouvel album, Monster, est, à l’image de leur carrière : monstrueusement rempli de tous les clichés du rock et du hard rock (voir même de clichés de clichés) : la pochette qui fait penser aux affiches de catcheurs ringards de la WWF, les éternels codes du hard rock FM qui consistent à jouer fort et à… jouer fort, sans oublier les paroles détenant les indispensables références au Malin (« Hell Or Hallejuah », « The Devil Is Me »), à la fête (« Shout Mercy ») et la sempiternelle mise en abyme rock’n’roll (« All For The Love Of Rock & Roll »). 
 
Il y a quelques jours déjà, l’annonce de la nouvelle tournée des Rolling Stones, et l’image d’un Mick Jagger, dandinant son corps d’asperge arthritique dans un costard rose fluo à côté d’un Keith Richards sourd comme un pot, nous plongeait dans une déprime totale. Mais aujourd’hui, l’idée même, qu’à leur tour, les quatre pépés de KISS, se remettent à agiter leurs fesses flétries et engoncées dans un costume noir moulant, le visage maquillé et leurs cheveux teints… pas comprendo.
 
Scroll to Top