Chroniques

Icona Pop This Is… Icona Pop

« I Love It », ce n’est pas exactement le slogan d’une chaîne de fast-food bien célèbre, même si dans un sens, la comparaison est viable : le tout est efficace, un peu lourd à la longue et de toute évidence conçu pour un plaisir immédiat. Ce single est un véritable rouleau compresseur, même si bien sûr, il faut aimer les visites chez Glup’s. Mais mettons de côté les castes, et reconnaissons tous ensemble l’indéniable puissance de la chose. « I Love It », donc. Voilà l’un des hits des charts pop de 2013. Mais aussi de 2012, car déjà paru sur le premier album du duo suédois, passé relativement inaperçu à sa sortie et recyclé ici (jusque dans le titre, This Is… Icona Pop, quand le premier s’appelait tout simplement Icona Pop. Mais après tout, si Macca nomme son nouvel album New, on se dit que bon, chacun fait ce qu’il souhaite).

« I Love It », encore elle, est une chanson-carte de visite. Outre l’apport de Charli XCX (toujours mieux de venir bien accompagné) et le traditionnel EP de remixes (huit relectures différentes du truc, encore plus efficace que trois doigts au fond de la gorge) il ouvre cet album. Il en est donc la promesse. L’univers bubblegum de Caroline Hjelt et Aino Jawo est composé de leggings fluos, d’apparitions dans le « Danse avec les stars » US et de cotillons multicolores. Tout est prétexte à la fête ici. L’existence même d’Icona Pop est une fête, et se doit donc d’être célébrée. Jusque dans les titres au champ lexical pas compliqué à piger : « We Got The World », « Ready For The Weekend », « In The Stars », « Just Another Night ». Tout sent le feelgood un peu teubé, mais après tout, pourquoi pas.

Passé le postulat de départ et une fois le décor planté, que reste-t-il ? Une poignée de succès potentiels (« Girlfriend » n’a rien à envier au dernier Katy Perry), quelques idées (l’intro de « Ready For The Weekend », singeant Florence & The Machine avant de faire de l’oeil à Skrillex), mais surtout, un paquet de producteurs aux manettes de pas grand chose. Une bonne mélodie, c’est la base, reste à savoir qu’en faire par la suite. Gonfler le tout sans finesse comme sur « In The Stars », et son refrain digne des Killers ou « On A Roll », que l’on jurerait écrite pour Ke$ha (tout comme « Just Another Night »), c’est une tactique très contemporaine pour donner, d’un côté, du volume à un morceau raplapla et, de l’autre, pour lui donner un côté fédérateur. Cette guitare acoustique simulant une balade n’y changera rien, tant le chant en fait des caisses. La recette est simple et écoeure vite : un peu de réverb’ sur la voix, de gros synthés un peu partout, un refrain gimmick. Et bienvenue dans les charts.

Mais pourquoi se cacher ? L’espace d’une poignée de minutes, rien de franchement désagréable. « I Love It » demeure une chanson que l’on aime détester. Il en va de même, ici et là, pour le refrain du « Just Another Night » susmentionné, pour le très M.I.A « Light Me Up » (une vraie bonne surprise), ou l’aspect communicatif de « We Got The World ». On a beau savoir où l’on met les pieds, que l’on ne tiendra pas 35 minutes et que le single ne sert qu’à vendre une dizaine de chansons inutiles, on écoute. Et de la même façon qu’on ne boudera pas notre plaisir sur la piste quand résonnent les premières notes du « Womanizer » de Britney, on ne crachera pas sur ce duo qui ne prétend à aucun moment être autre chose que ce qu’il est : un groupe de fête.

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