Chroniques

Egyptian Hip Hop Good Don’t Sleep

Reste à savoir ce que les jeunes mancuniens ont bien pu faire pendant ces trois longues années, ce qui ressemble à l’éternité de nos jours. Bref rappel des faits : Egyptian Hip Hop se forme en 2008, avant d’être mis en orbite un an plus tard, grâce à l’hebdo anglais NME qui inclut sur une de ses compilations la demo de « Rad Pitt » (surprise… ils n’ont pas vraiment fait mieux depuis). Suivra un EP en avril 2010 pour rassasier les blogs spécialisés, puis plus rien, sauf quelques tweets, dont un en novembre 2011, annonçant que l’album était prêt. Onze mois plus tard, pas pragmatiques pour un sou, revoilou Egyptian Hip Hop avec Good Don’t Sleep.

Je me sens comme un gamin le jour de Noël, du genre à attendre sagement sa Xbox. Mais au final, Egyptian Hip Hop me laisse plutôt en plan comme un parent indigne, avec un pull tricoté par mémé. Alors bon, dans un premier temps, l’excitation laisse simplement place au désarroi. Mais en fin de compte, après plusieurs écoutes, la frustration est presque totale. Dès le brouillon « Tobago », ça tourne à vide et ça bande mou. Boucle insipide, mélodie bâclée. Le faux départ d’une course en avant vers la médiocrité. Sur « The White Falls » et « Strange Vale », on sent pourtant poindre un petit bout de quelque chose, mais rien d’assumé, aucune ligne directrice. Début d’émancipation sur « Yoro Diallo » (nom d’un monsieur source d’inspiration de nombreux artistes maliens nous dit Internet. Merci Internet. Merci pour tout), où le groupe met de côté un trop plein d’idées pour enfin prendre le temps de composer une chanson.

Leur délire, c’est quoi ? Assurer un grand écart entre mainstream et arty ? Être respecté et remplir les stades ? Et ça continue avec « Alalon », qui exprime une certaine conception de la dream-pop : celle qu’on rêve de ne plus jamais entendre. Vient « Pearl Sound », englué dans cette putain de réverb’ qui saccage littéralement l’album, à tel point qu’on finit par s’interroger : le problème ne viendrait-il pas directement du CD qu’on nous a envoyé ? « Snake Lane West » pourrait fonctionner lors d’une écoute sous l’eau (peut-être parce qu’elle a été enregistrée sous l’eau). C’est bel et bien sur « SYH » que le charme opère. Là, on tient quelque chose, à savoir le même groupe qui a sorti « Rad Pitt », celui qui m’excitait comme un ado. On pense fort au « Focker » des Late Of The Pier. C’est bizarre, c’est brillant, mais c’est déjà trop tard.

Tout était pourtant réuni pour faire fonctionner la hype machine, du look à l’héritage musical en passant par le premier single fédérateur. En 2009, ils étaient à 9 sur l’échelle Two Door Cinema Club. Aujourd’hui ils se tapent un 4 chez DumDum.

C’est dire.

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