Chroniques

Dum Dum Girls Too True

Chaque jour, ici même, la vie de DumDum est rythmée par la publication d’une chronique de disque par jour. Et bien souvent, plus que le simple enchaînement des titres, nous essayons de nous intéresser à ce qu’un album peut raconter sur le destin du groupe, de la musique en général, ou bien sur son époque. Un album n’est rarement qu’un simple enchaînement de chansons. Une chanson, bien souvent, n’est pas qu’une mélodie et une jolie ligne guitare. On creuse, on cherche, on fouine, on lit entre les lignes. Quitte à se planter et raconter n’importe quoi (oui, nos lendemains de cuites sont les mêmes que les vôtres). Quitte à se prendre la tête, aussi. Dans le cas des Dum Dum Girls (quel nom de merde, hein 😉 c’était vite vu : Too True est juste une collection de chansons, pas grand chose de plus. Aucun supplément d’âme et quelques bonnes idées. ET CETTE POCHETTE, seigneur Dieu. Alors oui, depuis 2008 et leur premier EP, les choses ont pas mal bougé pour Dee Dee et sa bande. On les sait fans de Patti Smith, de Jesus & Mary Chain et de Siouxsie & The Banshees. Elles font partie d’une scène dont on aimait suivre les aventures, avec les Crystal Stilts et les Vivian Girls (aujourd’hui séparées). Et sur scène, c’était toujours quelque chose. Bref, rien à dire : les Dum Dum Girls, c’était du solide, du fiable. Chaque accord suintait à la fois l’amateurisme et l’ambition. Leurs chansons étaient, même les plus rapiécées, toujours réussies.

Aujourd’hui, que reste-t-il des premiers jours ? Une bande disloquée (la liste des déserteurs est plus longues que celle des survivants) avec la jolie Dee Dee qui se retrouve seule aux commandes. On sent bien que Too True est l’album qui était censé installer pour de bon les Dum Dum Girls dans le paysage. Non pas que l’on manque de souffle, juste d’opinion. Les obsessions sont les mêmes (« Rimbaud Eyes », le single, « In The Wake Of You ») laissent les guitares et la réverb’ parler, mais on sent qu’en ce qui les concerne, tout a déjà été dit. Le spectacle auquel on assiste consiste à observer les Dum Dum Girls singer ce qu’étaient les Dum Dum Girls, avec en supplément un parti-pris esthétique vaguement gothique. « Lost Boys And Girls Club », premier titre envoyé en éclaireur, témoigne lui d’une envie d’aller voir ailleurs, dans le clip comme dans le texte. La production se fait plus léchée, plus sobre. Problème : tout ce qui faisait le sel du projet a disparu de l’équation, et on se retrouve ici avec du New Young Pony Club. De la bonne pop new-yorkaise comme on en fait encore trop, tout le temps, partout, même chez nous, ras le bol. C’est bête, mais on n’attendait pas ça de celles qui ont pondu deux aussi bons albums que I Will Be et de Only in Dreams.

« Oui, mais bon, on s’en fout, tant qu’il y a des chansons, des mélodies. Raccrochons nous au moins à ça », pensez-vous tout fort. On aimerait bien pouvoir mêler les actes à la parole. Sauf qu’à l’écoute, impossible de se détacher de l’impression qu’elles ont déjà tout dit. Hormis sur le très bon « Rimbaud Eyes » et « Devil Blooms », on décèle un cruel manque d’inspiration, avec ce vernis cold-wave qui sert avant tout de cache-misère. Pilotage automatique. Alors, que dit ce disque ? Peut-être que les Dum Dum Girls se cherchent, que Too True est (alerte gros mot) un « album de transition ». Vers des sphères plus pop, plus immédiatement catchy. Peut-être que l’amour dure trois albums, ou qu’on se dira dans cinq ans que Too True comptait pour du beurre. Peut-être que l’on attend toujours trop des gens que l’on estime. Mais encore une fois, quel mauvais nom de groupe !

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