Nathan Williams est sans aucun doute l’un des types les plus cools de l’univers. Il traine depuis six ans sa dégaîne de branleur défoncé, à prêcher la bonne parole du pop-punk à qui daigne encore l’entendre. Mais depuis six ans justement, il a également bien changé. Exit l’insouciance teubé de « » : son dernier album, Afraid of Heights, était le terreau de ses envies suicidaires, de son spleen de fumeur de weed compulsif.
La croyance populaire veut que le gars Nathan soit un bon branleur du cru, obsédé par sa weed et ses jeux vidéos, sans doute capable de tout plaquer du jour au lendemain pour se lancer dans une carrière de skater. Mais ça, c’était en 2010. Aujourd’hui, la donne a changé : il a lui-même financé Afraid of Heights, il tourne sans relâche aux Etats-Unis, a écrit un morceau (le foutraque « ») pour le jeu vidéo GTA V et a enregistré un album avec Dylan Baldi, de Cloud Nothings. Last but not least, il s’est mis à la production de hip-hop, en compagnie de son frère Joel (aka Kynan), sous la bannière Sweet Valley : les frangins Williams en sont à leur troisième mixtape en deux ans d’activité. Pas mal pour un branleur.
Malgré tout, la seule ornière de sa carrière qui nous laissait plus ou moins de marbre concernait justement Sweet Valley. Que le mec s’intéresse au hip-hop n’a rien d’étonnant, california love BITCH. Mais s’il a au moins le bon goût de ne pas s’essayer à rapper, les productions du duo, loin d’être honteuses, ne valaient jusque-là pas non plus que l’on s’y attarde de trop. Jusque-là.
Deux ans après leurs débuts, les frérots ont décidé de passer à la vitesse supérieure, en s’octroyant les services du rappeur de San Francisco DaVinci sur la mixtape qui nous intéresse aujourd’hui. Comme une suite plus poussée à « Shoes for Running », morceau enregistré par Wavves avec Big Boi sur le Vicious Lies and Dangerous Rumours de ce dernier. Notons d’ailleurs que la chose voit le jour chez Fool’s Gold (et qu’elle est écoutable en fin d’article), qui avait déjà réuni l’an passé El-P et Killer Mike sous le nom de Run The Jewels pour une sacrée dinguerie (ils ont d’ailleurs récemment été rejoints par le batteur de Blink-182, Travis Barker, et par le frontman de Rage Against The Machine, Zach de la Rocha).
Ces productions qui sentent bon le soleil dans lequel baigne leurs vies sont accompagnées de l’excellent flow de leur nouveau compagnon de jeu. Jusqu’ici, le DaVinci était plutôt méconnu, bossant sur ses morceaux ultra-agressifs, flow acéré et instrus rappelant les plus belles heures du gangsta rap (« Concrete Jungle Juice », au hasard). Ici, il se fait crooner à la Big Boi (tiens tiens), comme sur « Hello Stranger » (non sans avoir envoyé des « fuck » à tour de bras sur l’inaugural « Dog Meat »), et baisse copieusement son débit de paroles. Il faut dire que les productions des frères Williams sont des bijoux de délicatesse, du groove de « Gourmet » à la suavité électronique de « Cheap Thrills ». On pense aussi souvent à Clams Casino (« We Good », la plus évidente), même si les trois lascars savent aussi se faire plus sombres (« Animal », « I Got That Line »). Ajoutez à cela quelques compagnons de jeu de qualité (Main Attrakionz), et vous obtenez un ensemble cohérent, parfait pour chiller avec ses bros.