Chroniques

Chvrches The Bones of What You Believe

Sommes-nous face à un ratage ? Difficile de l’affirmer aussi crûment. Le trio écossais Chvrches cherche clairement à plaire – ils introduisent avec succès cet album avec un refrain immédiatement efficace sur « The Mother We Share » -, et font indéniablement partie de ces artistes qui, bientôt, devraient finir par s’épaissir. Mais, on doute également que cet instant ne survienne vraiment.

Attendu comme une suite créative et tubesque du fabuleux (et tristounet) single «  Lies » et de l’EP Recover (réussi, lui aussi), The Bones Of What You Believe s’avère en bout de course sans grand relief, s’embourbant plus d’une fois dans une formule raplapla et ringarde à force de vouloir paraître cool et ultra-moderne. Soyons clairs : il y a bien ça ou là quelques exceptions, quelques surprises éparpillées dans un album inégal, mais si peu. La techno dark de « Science/Visions » fonctionne très bien, tout comme la synth-pop glaciale de « By The Throat ». Le plus audacieux, le plus mémorable également, demeure le single « Lies », tube hors-pair qui ne semble attendre que le refrain pour faire exploser son rythme martial en une irrésistible pop-song. Malheureusement, cela paraît trop grandiloquent, trop contrôlé pour convaincre, et pas assez subtil pour susciter un véritable courant d’affection. Même topo sur « Recover » qui fatigue au bout de quelques écoutes.

Dans le communiqué de presse, le claviériste Martin Doherty nous informe qu’il considère Chvrches « comme un groupe de rock indé. Nous avons simplement remplacé les guitares par des claviers. On veut que ça déménage ! » Le résultat n’est hélas pas tout à fait à la hauteur de ses ambitions, comme si le groupe cherchait à forcer sa pop en la contraignant à un langage qui ne lui est pas naturel. On se dit parfois qu’à force de vouloir sophistiquer à l’extrême leurs morceaux, Lauren Mayberry, Iain Cook et Martin Doherty finissent par tout foutre à plat. Ainsi, malgré une louable volonté de dépoussiérer le format pop en l’assujettissant à des claviers 3.0, The Bones Of What You Believe, trop crâneur et démonstratif dans la production, agace – en témoigne « Night Sky » et sa mélodie gonflée aux hormones.

Héritier d’une longue et belle tradition de dance-music (LCD Soundsystem, Depeche Mode, voire La Roux et Lykke Li sur un versant plus féminin), The Bones Of What You Believe, produit par le groupe himself et mixé par Rich Costey (Nine Inch Nails, Sigur Ros, Arctic Monkeys,…), aurait pu être l’une des belles surprises de cette rentrée s’il n’échouait pas très vite à faire le lien entre pop mainstream et ladite tradition électro-dance, deux esthétiques qui s’évitent plus qu’elles ne se rencontrent dans l’écriture ambitieuse de Chvrches.

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