Chroniques

Belle & Sebastian The Third Eye Centre

Il y avait quelque chose de touchant à voir la bande à Stuart Murdoch se dandiner à Rock En Seine la semaine dernière. Il faisait beau, nous étions jeunes et heureux. Que de jolies choses. Un court set aux allures de best of, avec un public en mini-short portant fièrement le sac en toile invité à monter sur scène pour ce qui s’apparentait à un sympathique apéro Pepsi-Granola très bon enfant. Cette scène était un bon résumé de la carrière de Belle And Sebastian : des albums gentils, mignons, qui ne heurtent personne. Pas de grandes déclarations dans la presse, aucun tube qui énerve à force de rotation lourde chez Franprix, mais de petits échappées dans les charts, discrètes. Huit albums tous un peu pareils. Et ce nom, tiré de l’une des grandes mièvreries de la télévision française… S’ils démarraient aujourd’hui, se baptiseraient-ils Mimi & The Guardian Angels ?

2005. Le groupe sort Push Barman to Open Old Wounds, double album de 25 titres réunissant singles et EP de l’ère Jeepster Records. Vingt-cinq titres, c’est long. Et totalement dispensable dans le cas de The Third Eye Center et ses 19 titres, puisque tout ici transpire le remplissage poussif destiné à satisfaire les fans (ils le sont quoi qu’il arrive) et faire le point après déjà six albums. Bref, tout cela pour vous dire qu’on connaît l’histoire, et que c’est avec une pointe d’ennui mal maquillée que l’on attaque l’écoute de l’album.

Dix-neuf titres, c’est long (bis). D’autant plus que Murdoch & co nous refourguent ici une nouvelle fournée d’inédits, raretés et faces B parues depuis 2005. Il y a du gentil (« Love On The March », « Desperation Made A Fool Of Me »), du mignon (“Mr. Richard”, “Last Trip”), du doux, du soyeux et du romantique. Belle & Sebastian ont au moins ça pour eux : ils n’ont pas peur de passer pour une belle bande de Bisounours. On se pose rapidement la question : à quoi ça sert tout ça ? Un inédit reste inédit pour une bonne raison : il n’a pas été choisi pour figurer pas sur l’album. Car, on le suppose, de meilleurs titres ont été retenus. Non ? Pareil pour une face B, vestige d’une époque où l’on mettait en valeur trois minutes en l’associant à une poignée de titres pas toujours indispensables, histoire de vendre des disques dans leur petite pochette en carton quitte à ce que ce soit la version karaoké ou un remix tout pourri il fallait que ce single SOIT DANS LES CHARTS TU M’ENTENDS ??!! Une face B, c’est donc moins bien qu’une face A, puisque la face A est le single et que la face B n’est pas sur le disque. Logique.

Ici, chaque titre ressemble au précédent (les critiques de musique disent souvent ça, mais écoutez l’album, allez-y, vous verrez) et aucun ne s’approche de l’éclat d’un miracle pop tel que « Boy With The Arab Strap ». Les temps sont durs, et Belle & Sebastian, malgré tous leurs efforts étalés sur déjà trois décennies, restent à la marge, bien installés dans le ventre mou de la Ligue 2 de la pop music. Mais pour vivre, il faut tourner. Et donc avoir un truc à vendre. On ne voit pas vraiment quelle autre utilité trouver à The Third Eye Centre.

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