Album sorti le 29 septembre 1997
Personne, en 1997, n’aurait pu prédire que la carrière en dents de scie de The Verve allait un jour donner lieu de se réjouir à ce point. Pour Richard Ashcroft et ses compagnons, Urban Hymns est un petit miracle. Après deux albums boudés par le public et une séparation temporaire, le quintette semble gonflé à bloc, d’autant plus que cette époque est la leur: des refrains pour les foules, ils ne savent faire que ça. Pote de beuverie de Noel Gallagher (qui lui dédiera “Cast No Shadow” sur le deuxième album d’Oasis), Ashcroft partage avec lui un sens aiguisé de la mélodie accrocheuse. En 1997, le monde est prêt.
Prêt pour “The Drugs Don’t Work”, sensible comptine acoustique en forme de mea culpa. Prêt également pour “”, feel good song romantique taillée pour les stades. Mais surtout, prêt pour “Bittersweet Symphony”. Le clip, dans lequel on voit le chanteur marcher tout droit dans la rue sans faire attention aux passants, fera les belles heures de MTV et VH1, tandis que le single, lui, se classera à la deuxième place des charts britanniques. Problème: basé sur un sample de Andrew Loog Oldham, le groupe se retrouve pris dans un conflit juridique. Ayant apparemment “plus emprunté que prévu”, ils se voient retirés leurs royalties. Un rouage dans la machine qui n’empêchera pas Urban Hymns de s’écouler à plus de dix millions d’exemplaires, et “Bittersweet Symphony” de devenir pour toujours un hymne. Mais les égos sont à vif.
Ils se sépareront (encore) en 1999, avant de se reformer (encore) pour un nouvel album. Mais la magie n’aura réellement opérée que l’espace de ces treize chansons. “Come On”, revancharde, hargneuse, empruntant au rock progressif ses tentations les plus folles (trois titres en un pour plus de quinze minutes au compteur)… “” et “”, divagations psychédéliques ambitieuses… “Sonnet”, et son mélange de guitare électriques et acoustique douces (Nick McCabe est l’un des plus grands guitaristes de sa génération) soutenues par une batterie aux accents jazz et une mélodie charmeuse… L’espace d’un album, The Verve avait réussi le mélange parfait entre leurs ambitions commerciales (devenir le plus grand groupe de pop du monde) et leurs aspirations artistiques (il y a du Stones de Their Satanic Majesties Request dans “Neon Wilderness” et “Weeping Willow”). En 1997, The Verve est le plus grand vendeur de disques au monde, et Urban Hymns représente l’un des derniers sourires de la britpop, avant sa disparition. Mais ça, on le sait pas encore.