Jules & Moss : de l’electro plus Jacquie et Michel que Jules et Jim

L’histoire de Jules & Moss, comme souvent, est celle d’une amitié. Deux potes qui s’ennuient, un peu, tripotent leurs machines, pas mal, et rêvent de quelque chose de beau, énormément. Alors que leur premier album vient de sortir (il est en écoute en bas de page), Maximilien Brossard et Julien Parenti demeurent sibyllins sur l’origine du nom qu’ils se sont choisis. Un hommage au film Jules et Jim de François Truffaut ? « On nous faisait pas mal cette boutade au début de la formation du duo », botte-t-on en touche du côté de Jules & Moss. Avant de faire référence à un nouveau duo de choc : Jacquie et Michel. « C’est plus contemporain », blague Maximilien.

S’ils vivent aujourd’hui dans la ville honnie d’en face – Lyon – Jules & Moss (32 et 28 ans respectivement) ont grandi à Saint-Étienne, entourés de musique. Celle qu’ils faisaient (Parenti a commencé la batterie à l’âge de cinq ans) et celle que leurs parents écoutaient. Brossard, qui a commencé le piano a six ans, raconte le mystère qui entourait un le tourne-disque familial : « J’étais intrigué par quelques disques qui s’y posaient régulièrement. Georges Brassens, Jacques Brel, Ennio Morricone, Beethoven et Duke Ellington ». Chez Jules Parenti, une pièce est carrément réservée aux jam sessions. Il raconte l’ambiance : « Il y avait des répétitions de groupes dans la maison familiale, où se rencontraient beaucoup d’artistes et potes. La tendance était soul, jazz, blues et rock ! »

Grâce aux premières vraies claques de l’adolescence – « Killing In The Name » de Rage Against The Machine pour Jules, et l’album The Wall des Pink Floyd pour Moss – une culture se crée, le fil se déroule. Les armes sont choisies. Ils expérimentent chacun de leur côté, prennent des boulots : Parenti était commercial, tandis que Brossard a fait des études de . La rencontre a lieu en « 2006 ou en 2007 » lors d’un concert partagé de leurs projets respectifs. « Le courant est passé tant musicalement que humainement, il s’ensuivit, très instinctivement, de nouvelles rencontres pour produire ensemble », se souvient Brossard. « Nous avons tâtonné, plus ou moins, comme tout le monde je suppose », enchaîne Parenti. « Le plus drôle c’est que le duo s’est surtout mis en forme sur les routes d’Asie du sud-est avec deux tournées de deux mois. La première fut d’ailleurs très roots… Et ce fut plus une expérience de vie qu’autre chose, ce qui nous a permis de renforcer les bases ».

La suite ? Des hauts et des bas, des plans galères, comme beaucoup d’autres. Un EP, Nants And Moots, puis une poignée de mixes mis en ligne sur Soundcloud. Le groupe signe rapidement sur le label américain Dirtybird, mais se sent comme laissé seul dans la nature après des débuts prometteurs. Au printemps 2014, ils enchaînent les festivals et les scènes : Caprices Festival à Crans-Montana, Zig Zag, Rex Club et Cocobeach à Paris, le Hive Club à Zurich, Nuits Sonores à Lyon. Avec les compliments de Ellen Allien et Laurent Garnier. Seulement, la machine s’enraye. « Plusieurs concours de circonstances, un peu indépendants de notre volonté, ont fait que nous nous sommes retrouvés avec des mois vides par la suite. Ce fut aussi l’occasion de nous consacrer entièrement à notre premier album ».

Double False Face, c’est le petit nom de cet album enregistré en pleine période de doute, est sorti le 26 janvier. Un premier bébé consistant, et mâture. Un album précis, concis, malin. Épuré, aussi. « Les fioritures, on a quand même mis du temps à s’en débarrasser », rembobine aujourd’hui Moss. « Nous avions dès le départ une musique très hybride, ça n’a donc pas été évident d’en faire quelque chose de bien propre, compréhensible et audible pour les autres. D’autant plus avec la musique électronique, qui exige souvent des productions bien carrées. Nous étions trop dispersés ». L’œuvre composite, comme si les carcans de l’electro ne représentaient pour eux qu’une étiquette de plus à arracher. Mashup tranquille entre jazz et house parfois, presque pop par moments, cette collection de onze titres, au premier abord, intrigue plus qu’autre chose. La production, assurée par le groupe lui-même, est du genre soignée. Et sans surprise, pas la moindre trace de ce que l’on pourrait de près ou de loin considérer comme un single, alors qu’il aurait sans doute été plus simple de torcher à la va-vite une vidéo buzz et un mini hit de club. Pas le genre de la maison. Aujourd’hui, ils vivent de la musique grâce à Jules & Moss et écrivent écrivent parfois pour d’autres. « Nous n’avons jamais voulu faire ce type de musique et nous n’y arriverions pas de toute 
façon », précise Jules. « Aussi, pour l’EDM par exemple, c’est finalement le même principe que pour notre style de musique : il y a des artistes qui gagnent énormément d’argent mais la majorité rame ».

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