Question : comment un groupe se rend-il compte qu’il a composé un tube ? De l’autre côté du casque, en revanche, c’est souvent immédiat. « The Alchemists », des lyonnais Animali, est un truc dans le genre. Conquérant, magique. Branleur mais pas trop. « C’est le premier titre que nous avons écrit. Nous avions pour habitude d’écrire la musique avant les textes », déclare Julien Jussey, chanteur et tête pensante du groupe. « Pour ce premier EP, nous voulions inverser le processus. Et trente minutes plus tard le titre était écrit. Tout paraissait évident. Une fois l’EP terminé, nous avons laissé à notre manager le soin de choisir quel titre allait être mis en avant. Il a décidé de sortir ‘The Alchemists’, luttant contre cinq débiles qui voulaient quant à eux sortir un single de dix minutes ».
Le premier EP du groupe, ironiquement titré The Spark and Three Other Poorly-Produced Pieces of Music (en écoute ci-dessous), contient au moins deux gros tubes en puissance. « The Alchemists » donc, mais également « Who ». Quelque part entre Metronomy, Grandaddy et les Flaming Lips, les cinq gars du centre de Lyon réussissent haut la main le mariage d’une pop pointilleuse et d’une certaine idée de la grandiloquence. Malgré des refrains optimisés pour les foules, Animali n’en oublie pas de composer des morceaux joueurs et lumineux. Le mot d’ordre ? « Ne pas trop se poser de questions. Composer sans contrainte en essayant de garder un maximum de fraicheur, de spontanéité ». Et à un moment, forcément, se pose la question de l’album. « Nous rentrons en studio au mois de mai pour enregistrer nos nouveaux morceaux. Mais nous n’avons pas encore décidé de quand et comment ils sortiront ».
Et puis il y a Lyon. Une ville que l’on situe rarement sur l’échiquier pop, alors qu’à écouter Julien, « il y a de tout à Lyon. Des artistes extrêmement talentueux, d’autres moins. Et comme n’importe quelle autre ville en France, quand tes titres dépassent les 3min30 et que tu chantes en anglais, ce n’est pas gagné ! Mais il y a pas mal de mecs qui se bougent pour défendre les musiques dites ‘indé’ dans cette ville ». Il cite des groupes tels que Jarring Effect, Génération Spontanée, Grolektif ou encore Gourmet Rec.
On évoquera également ce fameux morceau de dix minutes, « The Spark (Rick Was Right) », hommage à peine déguisé à Pink Floyd, mais surtout véritable moment de bravoure. Formé il y a trois ans, Animali (« une déclinaison du mot latin ‘animal’, qui veut dire ‘être vivant, animé’. Il nous fallait un nom, et c’est ce qu’on a trouvé de mieux », explique Jussey) n’a peur de rien, surtout pas de se mettre en danger. « Pour certains directeurs artistiques de labels, nous ne sommes pas assez ‘pop’, tandis qu’un vrai fan des Floyd ou de King Crimson n’aurait certainement pas sa dose de ‘psyché’ en écoutant notre musique », précise Jussey, même si leur EP ne doit finalement pas grand-chose au prog-rock. Il se voit même voguer vers d’autres contrées musicales : « Dans le premier titre de notre EP, nous faisons un hommage à Rick Wright, certes, mais il n’est pas impossible qu’un prochain morceau rende hommage à Bob Marley… ou au Wu-Tang ».