25/06/2013 /
Nico Prat
#5
Kraftwerk – Trans-Europe Express (1977)
« Quand tu réalises que cet album date de 1976, ça te retourne la tête. Il est très simple d’y entendre les racines du hip hop et de la musique électronique. Je pourrais ne rien écouter d’autre pendant quatre mois. C’est difficile pour moi de choisir cinq chansons qui résument ma vie : je pense que je fais partie d’une génération qui redécouvre les classiques. Nous avons accès à tout, tout le temps. Quand j’ai commencé ma découverte de la musique, je m’en servais comme d’un outil d’étude. Je pouvais passer du r&b des années 90 à de vieux morceaux soul et disco, de Kraftwerk au hip-hop en passant par la techno de Detroit, et ce en une seule semaine. Cela rend les choses difficiles au moment de choisir cinq chansons qui résumeront mes dix dernières années à découvrir de nouvelles chansons, et devenir un meilleur songwriter et un meilleur producteur ».
#4
Tuxedomoon – No Tears (1978)
« Ce classique est arrivé jusqu’à moi bien trop tard. Il date de 1978. Je vois toujours ma musique comme une pièce de monnaie, avec deux faces : l’espoir et le désespoir. Le chant ici représente pour moi le désespoir absolu, par exemple quand il crie « No tears for the creatures of the night ». La ligne mélodique de l’orgue, imparfaite, les guitares, bruyantes, et cette batterie toute simple, c’est la magie à l’état pur ».
#3
D’Angelo – The Root (2000)
« Vous serez peut-être surpris par le fait que cette chanson figure dans ma liste, mais la seul souvenir qui m’est resté de mon adolescence, c’est mon frère, écoutant l’album Voodoo en boucle, encore et encore et encore. J’ai d’abord détesté. Puis j’ai commencé à comprendre. La façon dont il chante, ce groove étrange qui me semble un peu « alien ».Ce n’est pas du tout ma culture musicale à la base, mais j’ai très vite commencé à m’identifier à ce mec. J’ai imité son chant. Si tu écoutes attentivement certaines de mes chansons, tu y trouveras des traces de D’Angelo. Et en partant de lui, je suis tombé sur Prince, ou Donny Hathaway. D’ailleurs, l’album live de Donny Hathaway est un chef d’œuvre pour moi ».
#2
The Killing Moon – Echo and the Bunnymen (1984)
« Cette chanson est devenue importante à mes yeux quand j’ai réalisé la puissance des paroles, et tout ce que tu peux exprimer en une seule phrase. Je ne suis pas anglais, donc j’ai du bosser dur sur mes textes, en lisant des livres, en étudiant la poésie. «Under blue moon I saw you / So soon you’ll take me / Up in your arms too late to beg you or cancel lit / Though I know it must be the killing time, unwillingly mine ». Ian McCulloch arrive à faire passer énormément d’informations et d’imagination en une seule phrase. Cette chanson m’a orientée dans le droit chemin lors de l’écriture de mes paroles ».
#1
18+ – Brawl (2011)
« C’est un titre difficile à trouver, d’un obscur duo en provenance de Los Angeles et de Berlin. Je suis tombé dessus dans un coin sombre du web. Ce que j’aime au sujet de ce groupe, c’est qu’il m’a fait découvrir une nouvelle vague de musique contemporaine. Ce qui m’excite, c’est de ne jamais enregistrer bien comme il faut. Le terme « professionnel » m’a toujours semblé un peu douteux. Cette chanson dévoile une nouvelle forme d’esthétique, où l’image et la musique sont très digitales, presque comme des mp3 de mauvaise qualité, très début des années 2000. Le tout a un côté R&B digital, avec des textes crus. C’est très excitant ».