S’il nous fallait qualifier la musique de 2014 (où tout du moins ce que nous avons pris le parti d’en retenir), le terme que nous choisirions serait le suivant : radical. Certes, rien n’a véritablement changé au niveau structurel, les mp3 et les services de streaming prennent tout doucement le pouvoir et les labels indépendants ne roulent toujours pas sur l’or : cela dit, il s’est passé quelque chose de presque imperceptible, cette année, à l’intersection entre musique et société. Si nous sacrions – sans pour autant les renier aujourd’hui – Frank Ocean et Tame Impala en 2012, Arcade Fire et Kurt Vile en 2013, c’est qu’Ariel Pink, Parquet Courts et Run The Jewels n’avaient pas pris la parole de la manière dont ils l’ont fait avec pom pom, Sunbathing Animal/Content Nausea et Run The Jewels 2. Sans oublier Ought, EMA (et son incroyable « »), Jessica93, Flying Lotus, Cloud Nothings, Perfect Pussy, Iceage et même, à sa façon, ce bon vieux Sébastien Tellier. Faut-il voir dans le magma de névroses étalé sur disque ces douze derniers mois l’amorce d’un mouvement de fond ? D’une éruption ? La fin d’une époque où la pop aurait baissé les armes et rangé sa plume ? Après tout, c’est bientôt Noël : amis rêveurs, tout est permis.