07/11/2013 /
Mathias Kusnierz
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Vatican Shadow, le repenti de la noise
Dominik Fernow est le boss de Hospital Productions et, avant d’endosser le pseudo de Vatican Shadow, il s’est fait connaître sous le nom de Prurient (tout un programme). Il troussait une sorte de noise vicelarde, méchamment agressive et sournoise. Et puis Prurient s’est assagi, est devenu beaucoup plus conceptuel (voir le sublime Time’s Arrow) et les gros barbus fans de sa musique ont commencé à s’emmerder, alors que le type signait des « albums de la mâturité » les uns après les autres. Vas-y comprendre quelque chose à la noise après ça. Bref, simultanément, il opère un virage à 180 degrés vers une musique orientée dancefloor, pas spécialement happy pop ni fluo mais furieusement tendance. Intense, beau et tourmenté.
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Demdike Stare, le duo intello
La musique de Demdike Star ? Pas sûr qu’elle affolle beaucoup les kids en soirée ! Avant que le duo balance de purs beats tribaux sans presque aucune autre affèterie, ils accumulent dans leurs morceaux couches de dissonances sur accords disharmonieux, souvent en samplant des instruments acoustiques ou des sons d’orchestre. Et le tout dans d’interminables et très ambitieux albums conçus en triptyques. En revanche, leurs clips, projetés sur scène lors de leurs performances, ont sûrement procuré quelques beaux bad trips hallucinatoires aux spectateurs imprudents. À l’arrivée, ça donne l’une des nouvelles voies de la techno d’aujourd’hui, l’une des plus des plus inattendues et des plus excitantes.
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Cut Hands, world techno
Derrière Cut Hands (aka William Bennett), il y a un principe qui, sur le papier, relèverait presque de l’arnaque pour journalistes : une musique électronique à base de percussions africaines et tribales. Ah, vous voyez, vous venez de le penser à l’instant : ça sent l’arnaque pour white boy occidental embourgeoisé (en même temps la techno en 2013, hein…) ! Bennett est sauvé par son incomparable maestria dès lors qu’il s’agit de trousser des filets de rythmes complexes, complètement étourdissants.
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Mondkopf, le lunaire
De tous les noms aux consonances étranges listés ici, Mondkopf est probablement le plus accueillant, et aussi le plus tendu. Dans la vie, c’est le garçon le plus affable du monde, et sa musique cultive comme aucune autre les belles mélodies accrocheuses, tendance Ohrwürme, comme disent les Allemands (ces vers d’oreille, mélodies qui vous rentrent dans le cerveau et n’en sortent pas). Par-dessus, il n’aime rien tant que lancer des beats massifs, à la pulsation tellurique. Dont acte ! Quand il nous parle, notre homme avoue des références beaucoup plus sombres : beaucoup de black metal, Sunn 0)))), Electric Wizard, Burzum, etc. Voilà qui donne à sa musique quelque chose d’un grand écart et d’une lutte entre les extrêmes… émotionnellement très intense, forcément !