Phoebe Jean, grande bringue vêtue de d’un t-shirt à tête de loup et d’un pantalon en cuir lacé sur les côtés, apporte un peu de street-cred’ et de mauvais goût assumé à ce nouveau temple du chic prétentieux qu’est l’hôtel W Paris-Opéra. Alors que cette caillera bi élevée aux rues de Baltimore tente de se départager, avec ses deux danseurs, le petit bout de scène qui a été aménagé pour l’occasion, face à elle, un public de costards-cravates est venu se dévergonder en after-work. Après ce showcase, on embarque dans une suite pimpée à grands coups d’idées douteuses quant à la manière d’embellir un endroit : moulures haussmanniennes, portraits kitsch sur les murs, et lit circulaire digne . Dans cet antre de l’intimité forcée, une foule de ses copains « freaks et fun », de la barbapapesse Vava Dudu (chanteuse hurlante du groupe ) aux performers pervers de , évoluent sous l’œil impassible de gorilles des Balkans. Le genre qui vous laissent sauter en talons sur le lit mais vous demandent de sortir si vous vous en grillez une. Bref, une soirée chelou, comme disent les vieux jeunes, dans un endroit qui tient plus du bouge à péripatéticiennes russes que dudit summum « du design, de la musique et de la mode », et au-dessus duquel le hip-hop-dance-music-funk sans frontière de Phoebe Jean, qui nous avait déjà frappé sur son premier album, Heartbreakers (sorti en juin dernier), détonne clairement.
Drôle de soirée, non ?
Yeah, très étrange. La scène était toute petite et on n’avait pas assez d’espace, avec les danseurs. Mais bon, le son n’était pas si mal. Et puis le public était bizarre aussi, mais je suis contente que mes amis soient venus. En tout cas, ça n’a rien à voir avec les endroits où je joue d’habitude. C’est drôle parce que la musique que je fais se passe toujours dans une atmosphère de fête, où ça danse, ça boit. Et là, avoir à gérer tout ce truc d’after-parties, de liste VIP, de bracelets, toutes ces choses qui sont faussement cool, j’ai du mal. Mais ça fait partie du jeu. Il faut le faire, et je m’y mets peu à peu, j’apprends. Je suis en fait très sérieuse dans tout ce que je fais, et dans la musique en particulier. Je suis loin d’être une rock-star. Quand j’étais petite par exemple, tout le monde croyait que j’étais une bad girl, alors que j’étais juste douée pour transgresser les règles sans me faire choper, et j’y mettais beaucoup d’application. J’étais rebelle, mais en secret, j’étais bonne élève…
Tu es née à Baltimore, et partie assez jeune de chez toi. Tu as vécu entre New York, Berlin, Paris. Le lien avec ta ville natale est quelque chose auquel tu es très attachée ? Ça t’arrive d’avoir le cafard ?
Je crois que je suis de nature vagabonde. Pas vraiment perdue, mais on va dire que j’explore. En même temps, j’aime avoir un point d’ancrage où que je sois. Avoir une espèce de nid, ça me rassure. Même si c’est juste pour une nuit, j’aime bien accrocher mes fringues et sortir une photo de ma mère. Si j’ai quitté Baltimore, c’est que j’ai souvent suivi mon cœur. Ce n’est pas forcément la musique qui m’a guidé au début, mais elle m’a toujours accompagné, partout où je vais.