Mondkopf : “Les frustrations de la vie se déversent dans ma musique”

Ainsi que l’illustrent les douze morceaux réunis sur Hadès, Mondkopf est un producteur qui se complaît à feindre la facilité – un fait devenu suffisamment rare et précieux pour être souligné. Il n’y a d’ailleurs qu’à écouter comment son nouvel album est structuré pour comprendre à quel point Paul Régimbeau est l’un des producteurs les plus intelligents et les plus cinglants de sa génération. Comme Brian Eno ou Aphex Twin par le passé, le néo Parisien préfère donc se libérer des codes traditionnels des musiques électroniques pour expérimenter des formes narratives, orchestrées par des influences aussi diverses que le hip-hop ou le métal. Au moment de le retrouver pour fêter la sortie de son nouvel album, on ne s’étonne donc pas d’avoir affaire à un musicien aux idées larges, catégorisé par ses partis pris, son refus de coller à un genre précis et par une capacité à produire une succession de morceaux tous plus surprenants les uns que les autres.

Peut-on dire que Hadès complète une trilogie entamée avec Galaxy Of Nowhere et Rising Doom ?

En fait, je considère plutôt Hadès comme un nouveau départ. Pour moi, Rising Doom clôturait quelque chose, et là je repars sur de nouvelles bases.

Lesquelles ?

Je pense que ma musique est plus cérébrale aujourd’hui. Avant, j’étais davantage tourné vers ce qu’on appelle vulgairement le dancefloor, avec pas mal de beats techno et hip-hop. Sur Hadès, il n’y a que deux morceaux qui ont cette structure-là. Pour le reste, il me semble bien plus progressif, avec une base drone que l’on retrouve sur les trois morceaux piliers de l’album, « Hadès 1 », « Hadès 2 » et « Hadès 3 ».

Hadès est certes structuré autour de ces trois morceaux, mais je trouve surtout qu’il est divisé en deux. Le côté brutal, tout d’abord. Le côté ambient, par la suite.

Oui, je voulais construire cet album de cette façon. Enfin, pas dès le début, je ne procède jamais comme ça. Disons plutôt qu’une fois que j’avais fini l’écriture de mes chansons, j’ai voulu organiser le tout en deux parties, avec cet aspect brutal pour commencer et ces envolées presque lyriques pour conclure. J’aime ce genre de scénario, que l’on retrouve également sur Rising Doom.

D’ailleurs, à l’instar de Rising Doom, Hadès est très sombre, très violent. Par intérêt particulier pour ce genre de comportement ou parce que c’est le seul sentiment que tu parviens à exprimer ?

J’ai l’impression, en effet, que c’est le sentiment qui me vient le plus facilement lorsque je compose. C’est étrange parce que, quand je commence à écrire, je ne me dis à aucun moment que je vais écrire un morceau sombre ou violent, ça sort vraiment naturellement. Rien n’est prémédité. Je me surprends d’ailleurs parfois à écrire des choses plus lumineuses.

D’où vient cette noirceur ?

Je ne sais pas. Je pense simplement qu’à l’instar de beaucoup de gens, mes émotions les plus fortes ressortent lorsque j’écoute de la musique. Personnellement, je suis de nature plutôt positive, mais la musique me permet une exploration presque cathartique du monde et de moi-même.

Du coup, te permet-elle de fouiller des sentiments dont tu ne soupçonnais même pas l’existence ?

Oui, je pense que les grandes frustrations de la vie se déversent dans ma musique.

Celle-ci est également très cinématographique. Est-ce un effet recherché ? Penses-tu, au moment de composer, à une possible traduction vidéo de tes morceaux ?

Non, je n’ai pas vraiment pas ce genre d’images en tête. J’attends simplement de voir ce qui va en sortir. Et c’est tant mieux : si je m’imposais des images, il y aurait alors plus de pression pour moi au moment d’écrire. Tout simplement parce que j’aurais peur de ne pas réussir à les exprimer en musique. En revanche, l’ordre de mes chansons joue beaucoup dans ce sentiment. C’est pourquoi j’aime attendre d’avoir tous mes enregistrements, tout cet amas de sonorités, pour ordonner les morceaux à ma façon et faire sonner l’ensemble.

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